Le Procureur Général auprès de la Cour d’Appel de Bastia n’a visiblement pas apprécié que l’association qui traque les atteintes à la probité, ANTICOR, demande à la justice de dessaisir les Procureurs de la République de Bastia et Ajaccio de l’enquête sur les fraudes aux primes européennes an Corse.
Il est bien sûr dans son rôle . A partir du moment ou il estime que l’indépendance des procureurs est mise en cause il lui appartient de défendre l’institution.
- Pour autant, comment peut il nier que dans une affaire aussi homogène, les délits comme les causes étant strictement les mêmes en Corse du Sud comme en Haute Corse, le saucissonnage de ce qui constitue un seul et même dossier entre les parquets de Bastia, d’Ajaccio et de Paris ne constitue pas un frein, voire un obstacle, à une bonne administration de la Justice ?
- Comment peut il contester que l’atmosphère qui pèse dans le monde agricole corse, singulièrement après la destruction de la distillerie de Pierre Alessandri, le seul syndicaliste agricole ayant avec son syndicat Via Campagnola , dénoncé les fraudes , constitue une grave atteinte à la sérénité que réclame l’action de la Justice ?
- Le Procureur de Corse du Sud, lorsque il s’affiche à Ajaccio en compagnie de la Préfète de Région dans une conférence de presse et en s’en prenant publiquement à ANTICOR, qui a déposé la plainte au Parquet Financier de Paris, n’a-t-il pas fait preuve de partialité alors qu’il dirige l’enquête préliminaire?
D’autant que, la plainte de l’association mettant en cause les services de l’Etat, en Corse et à Paris, cet affichage ne plaide pas en faveur d’une poursuite équitable et équilibrée de l’enquête du parquet.
J’espère pour ma part que , pour une bonne administration de la Justice, cette affaire pourra être dépaysée à Paris.
D’autant que, si le justice retenait la requête d’ANTICOR, la plainte avec constitution de partie civile entraînerait la désignation par le parquet financier d’un juge d’instruction indépendant, et donc la garantie d’une instruction indépendante et équitable de ce dossier.
C’est sans doute ce qui explique, à mon sens, la réplique du procureur général…
Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres l’Etat se doit d’être impartial , et force est de constater qu’il ne l’est pas toujours comme on l’a maintes fois noté dans le domaine de l’application de la Loi en matière d’urbanisme ou ce sont les associations qui , souvent à leurs risques et périls, font le travail des services de l’Etat.
Trop souvent les différents gouvernements ont cherché à « acheter la paix civile » en Corse en manifestant une certaine « souplesse » dans l’application de la Loi: l’expérience a hélas prouvé que c’était contre productif. Dans le domaine visé par la plainte d’ANTICOR ce serait criminel.
La soudaine rigueur dont fait preuve l’Etat aujourd’hui dans le dossier des AOT semble constituer un revirement dont il faut se féliciter. Mais les réactions que cela provoque démontrent que des années de laxisme finissent pas rendre incompréhensible l’application de la Loi quand on se décide à l’appliquer.
La loi ce n’est pas comme la confiture: on ne peut pas l’appliquer un peu..On l’applique, ou on ne l’applique pas, un point c’est tout.