Au moment ou j’écris ces lignes, à 10 000 kms d’ici le feu ravage les villages de l’ancien canton de Moïta Verde que j’ai représenté pendant 12 ans au conseil général de haute Corse et ses environs.
Ce sont bien entendu d’abord l’inquiétude et l’angoisse qui m’ont saisi en apprenant par des amis dans quel enfer sont en train de vivre les habitants de cette région que je connais bien et ou je compte beaucoup d’amis.
Puis très vite sont venus rage et colère envers les responsables de ce désastre, ces incendiaires décervelés qui ne sont rien d’autre que des criminels , pas assez poursuivis et sanctionnés pour les destructions que leurs gestes funestes occasionnent.
Il y a trop longtemps que l’on déplore cette situation sans que l’on se décide à agir pour sinon y mettre fin, mais au moins en limiter fortement les conséquences.
Je ne parle pas de la lutte contre les incendies qui a fait de grands progrès, dont les effectifs et les moyens, s’ils ne sont jamais suffisants ont été considérablement renforcés.
Mais peut on sérieusement considérer que la lutte contre ce fléau auquel la Corse paye régulièrement de lourds tributs puisse se limiter à intervenir sur les feux , quand bien même on les anticiperait un peu par les moyens que nous offre aujourd’hui la technologie ?
Sûrement pas: c’est à un ensemble de politiques qu’il faut recourir, en particulier celles qui touchent à l’urbanisation et à l’occupation du territoire.
Pendant des années les conseillers généraux nous ont rebattu les oreilles avec leur politique contre ce qu’ils appelaient la « désertification de l’intérieur » .
Elle a consisté pendant des lustres à saupoudrer ici et là quelques subventions pour s’attacher la reconnaissance des maires , à défaut de celle des populations plus lucides sur leur efficacité, sans remettre le moins du monde en cause les politiques qui avaient, justement, produit cette désertification.
Aujourd’hui les conseils généraux ont disparu, et c’est une bonne chose. C’est surtout une bonne occasion de se poser la question qu’ils n’ont jamais voulu aborder, et de prendre enfin la situation à bras le corps.
Pour cela , comme toujours, pas besoin de couper les cheveux en quatre: il faut relancer, et le plus tôt sera le mieux le pastoralisme et l’élevage extensif dans les zones ou il peut trouver sa juste place.
A quoi cela servirait il de se battre, comme l’on fait à juste titre les nationalistes, pour réserver de vastes zones à l’agriculture, malgré l’opposition de maires pris de frénésie urbanistique, si c’est pour les laisser ravager chaque année par le feu, jusqu’à ce que de guerre lasse on finisse par les déclasser ?
Il faudra pour que cette politique de maintien des hommes en milieu difficile, et en attendant le statut d’autonomie qui le permettra juridiquement, négocier avec l’Etat un statu du travailleur rural en milieu difficile qui lui permette d’exercer d’autres activités que l’élevage sans être massacré par le fisc, et sans être obligé de finasser ou frauder evec les subventions européennes pour survivre.
En même temps, et puisque il faut appeler les choses par leur nom, il faudra innover de manière à ce que l’on puisse considérer que celui qui maintient une occupation du territoire qui permet de limiter les ravages du feu mérite que lui soit versée une rémunération pour services rendus à la collectivité.
C’est là un chantier ou pour ma part j’attends de la majorité désormais en place une initiative forte et audacieuse qui permette de démontrer que l’on est prêt, en Corse, à mettre en place un modèle de développement juste et efficace à la fois.
On en reparlera sûrement ici.