La stratégie patiemment tricotée par Macron et Le Pen a été mise à mal par les français qui lui ont apporté un vrai désaveu. Naturellement l’énormité de l’abstention commande que les commentaires restent réservés, mais tout de même, il y a là matière à réflexion pour tout observateur sérieux de la vie politique dans notre pays.
Le Président de la République , après avoir trahi la gauche en 2017 puis débauché ses principaux ministres à la droite , a cherché obstinément à affaiblir et fracturer la droite de manière à faire main basse sur une partie suffisamment importante de son électorat pour assurer sa réélection en 2022.
Une stratégie qui tourne au désastre dans des proportions plus qu’inquiétantes pour le macronisme que je ne l’imaginais.
Les partis traditionnels , déclarés moribonds et promis à une disparition rapide et totale ? Ce sont aujourd’hui , après les municipales, les vainqueurs incontestables de la consultation.
Le parti majoritaire, censé représenter le nouveau monde et le renouveau de la démocratie dans notre pays ? Il subit une humiliante défaite, symbolisée par la bérézina des Hauts de France ou aucun des cinq ministres candidats envoyés par Macron n’est élu , à commencer par le ministre tête de liste qui ne franchit pas la barre requise pour participer au deuxième tour ! Et dire que Macron pensait encore, il y a quelques jours l’envoyer présenter au parlement une reforme à minima des retraites avant l’échéance de 2022…
Oui, aujourd’hui le roi est nu, et la subtilité, la communication frénétique et la saturation médiatique, la complaisance affichée par la plupart des médias appartenant aux majors du CAC 40 ne suffisent plus à cacher cette nudité.
Certes les sondages de popularité semblent , au contraire, devoir porter la macronie à l’optimisme. Mais il en est de la popularité comme de la météo au printemps, et ce sera une autre paire de manches dès lors qu’auront été désignés les candidats qui affronteront le président sortant, et qu’ils aborderont les questions qui fâchent et ne retiendront plus leurs coups.
Les médias du CAC 40 pourraient alors appliquer à nouveau le vieil adage qui rythme leur vie: lècher, puis lâcher, et enfin lyncher, dont ont été victimes nombre de candidats auparavant.
Il n’est donc pas impossible qu’émerge, à la rentrée, une candidature qui nous débarrasse du piège qui nous avait été tendu, et débarrasse le pays de l’imposture macroniste en même temps que d’une extrême droite sans projet.
Je préfèrerais, naturellement qu’elle vienne de la gauche: les prétendants déclarés devront aussi faire leur examen de conscience , à la lumière des résultats, et en tirer les conséquences qui s’imposent.