Le 12 avril, Jean François Bernardini, sous l’égide de la Fondazione di Corsica UMANI, organisait à Bastia une journée d’action citoyenne sur le thème de la corruption.
Il m’avait invité à participer à la première des tables rondes, animée par Daniel Ibanez , sur le thème » Alerte mode d’emploi ». Trois lanceurs d’alerte y participaient qui ont relaté devant un public nombreux et attentif, leur expérience et les conséquences de leur attitude.
Le débat avait été précèdé par un film documentaire passionnant : une interview par une parlementaire islandaise et un universitaire américain, du plus célèbre des lanceurs d’alerte, Edward Snowden, exilé à Moscou.
David Brugioni, Celine Martinelli, Karim Ben Ali, et Colette Castagnoli ont ainsi fait part des peoblèmes auxquels ils se sont heurtés lorsqu’ils ont été amenés à considèrer comme insupportable ce dont ils avaient pu prendre connaissance .
Leurs exposés ont interessé le public qui a pu ainsi , directement, mesurer le courage de ces citoyens dont l’indignation s’est manifestée autrement qu’au comptoir d’un bistrot comme trop souvent, mais en prenant leurs responsabilités .
Attitude d’autant plus courageuse que les lanceurs d’alerte ne disposent d’aucun statut protecteur et s’exposent donc aux représailles des organisations dont ils ont révèlé les turpitudes.
Il est paradoxal , au passage, que les voyous repentis disposent d’un statut qui les protège , alors que les le honnêtes citoyens qui ont lancé une alerte citoyenne n’en disposent pas et se trouvent de ce fait en butte à l’hostilité de ceux que leurs révélations ont mis en difficulté.
Le lancement prochain d’une maison des lanceurs d’alerte apportera des améliorations sensibles mais il faudra qu’un jour ou l’autre ils puissent jouir de la protection de la Loi de la République , eux qui précisemmemnt la protègent des agissements des corrompus.
Il faut rendre hommage à Jean François Bernardini et à l’équipe d’UMANI pour avoir organisé cette manifestation pour la première fois en Corse. Il faudra , rapidement, la prolonger en mettant en place une plateforme qui regroupe les associations qui agissent dans le domaine de la citoyenneté afin que les citoyens de cette Île retrouvent à travers cette plateforme le gout de l’action citoyenne.
En Corse, comme ailleurs, nous devons nous affranchir de ces appelations mortifères dont on nous abreuve quotidiennement : consommateurs, téléspectateurs , et que sais je encore, pour devenir des citoyens, conscients de leur force dès lors qu’ils se regroupent, car ce n’est que tous ensemble qu’ils pourront faire reculer la corruption, le clientèlisme , l’affairisme , la spéculation foncière , ces plaies qui gangrènent notre société et menacent l’avenir de nos enfants.
Le concert exceptionnel des Muvrini qui a cloturé le lendemain, cette manifestation, dans un thêatre de Bastia comble, a permis de constater l’étendue de la palette des talents de Jean François et ses partenaires, qui ont illustré merveilleusement , par les mots et la musique ce qu’est vraiment l’âme corse , et apporté une fois de plus la démonstration que le peuple corse existe, qu’il a une langue, une culture et une façon d’être qui lui sont propres, et qu’il mérite à ce titre le respect et la reconnaissance de la République.
Toutes choses que ce concentré de secheresse technocratique qu’est Emmanuel Macron ne pouvait hélas percevoir …