Benoit Hamon fait le buzz avec sa proposition du « revenu universel ». Il est le seul parmi les candidats de la primaire de la gauche à avancer cette proposition: tous les autres , à l’exception de Jean Luc Bennahmias, y sont opposés pour toute une série de raisons.
A l’origine de cette proposition, l’idée que du fait de l’automatisation voire la robotisation d’un certain nombre de tâches, le travail va se raréfier et qu’il faut donc imaginer les solutions qui vont permettre d’accorder un revenu de base qui permette à chacun d’envisager de repositionner dans une société ou le travail aurait perdu de son importance.
Ce diagnostic est loin de faire l’unanimité chez les économistes , même si il a le mérite de poser un problème qui se pose et qui nécessite qu’on y réfléchisse sérieusement. Passons sur le fait que l’idée que ce revenu ne doit pas être accordé sous conditions de ressources et que Carlos Ghosn en bénéficierait comme un ouvrier de Renault me parait tout à fait saugrenue.
Ce qui me pose problème c’est que, comme toujours avec une certaine gauche, s’impose à travers la méthode choisie par Benoit Hamon, l’idée de la solution unique et miraculeuse à un problème de société.
Cela a longtemps été les nationalisations présentées en 1981 comme la solution miracle qui devait permettre le redressement économique de la France. On connait la suite de cette ruineuse et douloureuse opération : j’observe au passage que plus personne ne l’évoque.
Il existe beaucoup d’autres possibilités pour faire face à cette mutation du travail salarié, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Certaines ont d’ailleurs été évoquées par Nathalie Kosciusco Morizet dans la primaire de la droite avec le travail indépendant . Déjà, le statut d’autoentrepreneur en vigueur depuis quelques années constitue une piste à améliorer , mais il y a incontestablement un grand intérêt à regarder de ce coté là, en veillant à ce que la protection de ces nouveaux venus sur le marché du travail soit correctement assurée et qu’ils bénéficient des nouveaux droits associés à ces nouveaux statuts.
Mais au delà de ces précisions, je pense que la question la plus importante, à laquelle d’ailleurs aucun des candidats à la primaire n’esquisse de solution, c’est aujourd’hui la scandaleuse disparité dans la détention du patrimoine par les français.
Dans son excellent ouvrage, » Le crépuscule de le France d’en Haut« , le géographe Christophe Guilluy expose la fantastique disparité du patrimoine des français que l’explosion des inégalités et la concentration des élites dans les grandes métropoles a produit au cours des 20 dernières années , annonciateurs de terribles déchirures entre les territoires délaissés et ceux ou la richesse, l’emploi, la confort, continuent de croître malgré la crise.
Je pense que les candidats de la gauche devraient réfléchir à cette question plus qu’ils ne le font avant qu’il ne soit trop tard. Au lieu d’un revenu universel il serait sans doute plus judicieux d’examiner la possibilité d’aider les plus jeunes à acquérir un patrimoine de base qui leur permettrait de partir dans de meilleures conditions dans la vie en les dotant d’un capital de départ.
Des solutions sont parfaitement imaginables sur le plan juridique comme sur le plan financier: cela coûterait sensiblement moins cher et aurait une portée symbolique importante loin des dispositifs traditionnels toujours assimilables à de l’assistanat, puisque l’utilisation de ce capital reçu par un jeune de la collectivité lui permettrait de démontrer de quoi il est capable pour s’installer dans la vie.
Je crois qu’Arnaud Montebourg en a parlé, sous réserve d’inventaire, mais il ne me semble pas qu’il ait considéré cela comme une priorité.