Quelle mouche a bien pu piquer la préfète de Corse et le procureur de Corse du sud lors de leur conférence de presse . Alors qu’ils étaient en train d’expliciter la politique de l’Etat en Corse en matière de lutte contre les fraudes, au demeurant intéressante, ils s’en sont pris , avec une violence stupéfiante, à l’association ANTICOR, dont l’objet est justement de lutter contre les atteintes à la probité.
Cette sortie consternante, et les mots prononcés par la préfète et le procureur, méritent une mise au point à la mesure de la gravité des affirmations qu’ils ont proférées.
Je n’ai pas souhaité, en mars 2018 renouveler ma candidature au conseil d’administration de l’association, et j’ai demandé en même temps que ma responsabilité de référent pour la Corse soit transférée à Dominique Yvon . Je reste, jusqu’à ce que l’association désigne un nouvel adhérent, son co-référent, même si mon éloignement de Corse ne me permet pas d’être aussi actif que je le souhaiterais.
Je n’en suis pas moins totalement solidaire des actions d’ANTICOR en Corse , et je suis particulièrement indigné lorsque je lis les propos suivants prêtés à la représentante de l’Etat dans l’Île : la plainte d’ANTICOR, basée sur une lettre anonyme , nous fait juste perdre un peu de temps, et vient jeter un peu plus de discrédit sur l’ensemble d’une profession, Tout en faisant croire que les services de l’Etat ne font pas leur travail, alors qu’en réalité toute l’action vient du Codaf.
Indigné, d’abord, parce que en insinuant que l’action de l’association en Corse jetterait le discrédit sur l’ensemble de la profession, elle ne peut ignorer qu’elle met , volens nollens , en danger Dominique Yvon, le référent corse d’ANTICOR et l’expose à la vindicte d’un quelconque fraudeur potentiel.
Révolté, ensuite, quand elle affirme que l’action d’ANTICOR a été déclenchée à la suite d’une lettre anonyme. C’est là une affirmation au caractère diffamatoire avéré, qui ne pourra rester sans une réponse appropriée.
Le seul discrédit que je note, c’est celui que jette le plus haute représentante de l’Etat en Corse sur une association nationale citoyenne en l’accusant avec une légèreté confondante, de fonder ses actions sur des lettres anonymes.
Pour que les choses soient claires et rappelons les faits.
En juillet 2017, se tient en Corse , à la demande d’ANTICOR une réunion entre deux agents de l’OLAF venus de Bruxelles et un groupe de lanceurs d’alerte de l’association. Objectif: faire le point sur les soupçons de fraudes aux subventions européennes constatées par le groupe.
Deux autres réunions de tiendront dans les mêmes conditions, avec les mêmes participants, au cours de l’année 2017 et le premier semestre 2018.
En avril 2018 le président d’ANTICOR rencontre en Corse le groupe de lanceurs d’alerte et la décision est prise de soumettre cette affaire au conseil d’administration de l’association. Près de 350 documents recueillis par le groupe sont transmis à l’avocat de l’association.
L’extrait du rapport de l’OLAF du 21/06/2018 , que l’on peut consulter ici, établit sans aucune contestation possible que les représentants de l’Etat ont, par leurs déclarations, pris des libertés avec la vérité et porté contre ANTICOR des accusations totalement dénuées de fondement.
On est très loin de la saisine, par lettre anonyme, de l’association avancée par la représentante de l’Etat en Corse . C’est gravement méconnaître les méthodes d’ANTICOR que de lancer publiquement et de manière irresponsable ce genre d’accusation.
Les actions de l’association, dans cette affaire comme dans toutes celles menées en France, sont fondées sur le témoignage de lanceurs d’alerte, soigneusement recoupés et vérifiés, et la fourniture de preuves de leurs assertions.
Dans le même registre , la représentante de l’Etat affirme: il ne faut pas perdre de vue qu’il y a un enjeu pour l’Etat puisque la Commission Européenne s’est déplacée et que l’OLAF est sur le dossier..Il était donc urgent de faire quelque chose.
C’est à dire, en bon français: l’Etat n’ayant pas fait son travail puisque ces fraudes se déroulaient de notoriété publique, depuis des années, il était de la plus grande urgence qu’il prenne une initiative.
Un aveu extraordinaire qui confirme qu’en effet, l’Etat , pendant des années, n’a pas fait son travail de contrôle et de vérification que demandait Bruxelles.
Dans cette affaire, emblématique, comme dans celles beaucoup plus nombreuses et non moins emblématiques qui concernent les atteintes à l’environnement ou l’association U LEVANTE fait un travail remarquable, c’est l’absence de l’Etat qui pose problème, pas l’action des citoyens.
Je croyais que l’émergence du mouvement des Gilets Jaunes donnerait à réfléchir à quelques unes de nos excellences, mais apparemment je me suis trompé.