Si on ne peut pas affirmer que les carottes sont cuites, le moins que l’on puisse dire est qu’elles se trouvent probablement déjà dans la marmite et que la température de l’eau augmente de manière préoccupante.
Plus sérieusement il semble que les documents préparatoires à la réunion qui devait se tenir à Paris, avec les élus de la Corse et sous la présidence du ministre de l’Intérieur , et qui a été ajournée une fois de plus, aient provoqué la colère des élus nationalistes.
Les documents n’ayant pas été rendus publics on ne peut que s’en remettre à ce qu’en rapporte la presse insulaire . Ainsi le webzine Corsenetinfos, très suivi dans l’Île nous fait part de la réaction au cours de la dernière séance de l’assemblée de Corse, du président de l’Exécutif, Gilles ,Siméoni: » Quelques jours avant la réunion, on nous envoie trois documents produits au nom et pour le compte du ministre. Ces trois documents, aussi bien sur le constat que sur les propositions, sont une véritable entorse, pour ne pas dire plus, à la lettre et à l’esprit du processus. C’est un énorme problème ! «
En prenant connaissance, toujours à travers l’article de Corsenetinfos , des réponses apportées par l’Etat aux propositions des élus corses, on comprend que les élus insulaires aient pris la mouche.
Tout se passe en effet comme si l’administration à laquelle le ministre a commandé ces documents, se place dans le cadre qui s’impose aujourd’hui à toutes les collectivités, alors que les corses demandent précisément à en sortir et à aller vers un statut d’Autonomie, c’est à dire à déroger aussi largement que possible à ce cadre imposé !
De deux choses l’une: ou le ministre s’est renié et revient sur sa promesse d’accorder à la Corse un statut d’autonomie, ou « l’Etat profond » dont on connait ici l’hostilité a repris la main et travaille à imposer ses vues.
Dans les deux cas le résultat est catastrophique: le doute s’installe en Corse , et il plombe la concertation car il ne peut y avoir d’échange sérieux si la confiance est ébréchée.
J’ai toujours pensé que le déplacement inattendu de Darmanin en Corse lors des troubles consécutifs aux manifestations violentes de Bastia n’avait d’autre objet que d’éviter qu’ils ne polluent la campagne électorale présidentielle.
Mais au delà, comment faire confiance à un exécutif dont les principaux responsables , Macron, Le Maire, Darmanin et naguère Philippe ont commencé par trahir ? Leur mentor en politique pour le premier, leur parti pour les autres. C’est une vraie question, tant qu’il est vrai que dans ce domaine c’est le premier pas qui coûte, le reste suit naturellement..
On me trouvera sans doute sévère mais à mon âge avancé, et à la lumière de ce que j’ai pu observer pendant plus de trente ans de vie politique , j’imagine que l’échec dont je crois distinguer la perspective en constatant les louvoiements du pouvoir conduirait au chaos et déchainerait une violence dont les manifestations désordonnées que l’on devine ici et là à travers les dégradations quasi quotidiennes qui se produisent dans l’Île donne une petite idée.
Les élus corses doivent aujourd’hui se montrer responsables pour deux, car l’attitude du pouvoir , empêtré par ailleurs dans une série de crises dont on ne distingue pas l’issue, est irresponsable.
Il dispose en Corse de deux préfets pour trois cent cinquante mille habitant, un record dans notre pays, c’est dire qu’il devrait être parfaitement informé de la situation que ses hésitations provoquent. Il serait temps qu’il se ressaisisse et qu’il dévoile clairement ses intentions , ou du moins ses capacités à tenir ses engagements. Comme on dit chez nous, qu’il nous dise si c’est « merda o beretta rossa » !