La galaxie nationaliste compte un mouvement de plus » Mossa Palatina » issu du club politique I Palatini fondé par Nicolas Battini.
Appartenant à la nébuleuse identitaire , ce mouvement revendique son attachement aux fameuses racines chrétiennes de la Corse rappelées régulièrement par l’ensemble des partis nationalistes corses, comme en témoigne cette affiche annonçant un premier meeting, précédé d’une messe à la cathédrale d’Ajaccio.
Cette cérémonie en cathédrale impliquant l’assentiment de l’Evêque , j’ai voulu le vérifier, et en effet ce jour là il n’y avait à 10 heures aucune messe prévue au programme de la grande neuvaine de la Miséricorde du 9 au 18 mars à la cathédrale d’Ajaccio à laquelle aurait pu se rattacher le mouvement.
En dehors du fait qu’il s’agit d’un curieux précédent, je trouve plutôt cocasse qu’un mouvement aussi soucieux d’afficher ses convictions chrétiennes et catholiques ait choisi de se referrer à I Palatini , le qualificatif par lequel on désigne en Corse du sud les alignements de menhirs dressés par une civilisation pratiquant sûrement un culte aux racines on ne peut plus païennes.
Si Mossa Palatina revendique l’autonomie pour la Corse, il réfute par contre les thèses indépendantistes et se déclare hostile à la violence clandestine. Pour le mouvement l’idée que la Corse ait été colonisée par la France , qui a fondé et nourri la revendication nationaliste des 50 dernières années, constitue une erreur historique assimilant abusivement la lutte des corses pour la le respect de leur identité aux luttes des nations colonisées par la France.
Il célèbre au contraire le rôle des corses dans l’armée et l’administration coloniale et considère que ni les évènements d’Aléria ni la fondation du FLNC ne constituent des moments historiques fondateurs du nationalisme corse qu’il situe à l’aube du XXème siècle avec la naissance du mouvement identitaire A Muvra de Petru Rocca.
Il s’en prend à ce qu’il considère comme la dérive fondamentale des autonomistes qui se seraient ralliés à la pensée bourgeoise française de gauche, et rejette la thèse de la communauté de destin des mouvements nationalistes traditionnels, qui contribuerait selon lui à provoquer l’islamisation de l’Île et à saper ses racines chrétiennes.
Sur le plan économiques et sociétal, il se revendique d’un libéralisme économique qui rappelle le poujadisme et d’un conservatisme sociétal rejetant les idées progressistes jugées permissives, et les thèses écologistes qualifiées de punitives.
En résumé la nouvelle formation politique nationaliste défend un autonomisme corse désinhibé sur la question identitaire , recentré sur la famille et les valeurs traditionnelles insulaires. incarnant une rupture avec l’autonomisme et le nationalisme corses historiques jugés trop influencés par les idées de gauche, et une ligne politique parallèle aux thèses de Reconquête le parti d’extrême droite d’Eric Zemmour.
Nicolas Battini s’était d’ailleurs affiché au meeting de Marion Maréchal , candidate de Reconquête aux elections européennes lors de va visite en Corse.
Le décor une fois posé des affrontements qui s’annoncent dans la mouvance nationaliste corse, reste à en évaluer l’importance et les conséquences sur l’avenir de la Corse et accessoirement l’avenir de la famille nationaliste qui exerce aujourd’hui le pouvoir territorial.
Il est beaucoup trop tôt pour que je m’y hasarde, mais je vois dans cette nouvelle donne au moins un avantage que je considère comme important: une vraie bataille idéologique va pouvoir enfin s’engager au sein d’une nébuleuse qui l’a toujours soigneusement évitée pour dissimuler ses fractures et ses contradictions.
Elles apparaissaient pourtant à chaque élection présidentielle ou le vote « progressiste » des élections territoriales se transformait en confortable majorité pour un vote à l’extrême droite, sans que les partis nationalistes ne se livrent à la moindre introspection.
Nicolas Battini aura eu au moins le mérite de provoquer l’inévitable: un affrontement salutaire et clarificateur qui va obliger chacun à sortir de sa zone de confort au sein de la famille nationaliste, comme d’ailleurs à l’extérieur.
Je l’attends naturellement avec beaucoup de curiosité et d’intérêt.