Ce que l’on appelle l’affaire Benalla démontre, s’il en fallait une preuve, l’imposture de l’annonce faite aux français d’une nouvelle ère , en rupture avec un passé révolu, annonçant la fin d’un monde ancien et l’émergence d’un Nouveau Monde.
Fruit d’un invraisemblable concours de circonstances , l’élection d’un jeune Président avait, il y a un an, soulevé certains espoirs et lui a permis de bénéficier jusqu’à ces derniers temps d’une indulgence exceptionnelle dans un pays qui ne nous y avait pas habitué depuis longtemps.
Comme en Italie il y a quelques semaines , c’est le dégagisme qui a triomphé en juin 2017, et c’est aussi une certaine forme de populisme qui l’a emporté dans notre pays. Certes il n’a pas permis le triomphe des extrêmes comme chez nos voisins, mais les ressorts de l’élection sont strictement les mêmes: exploitation de la déception et parfois du dégoût des électeurs de gauche comme de droite, mise en avant de slogans simplistes et démagogiques , ni de gauche ni de droite, ou de droite et de gauche en même temps , dénigrement systématique des prédécesseurs alors que l’on a participé aux décisions les plus importantes des deux gouvernements précédents, tout y est passé, dans la bonne veine populiste en vogue.
Résultat ? Passons sur la politique économique et sociale d’inspiration thatchérienne et reaganienne: la ministre de l’économie Bruno Le Maire, issu de la droite Sarkoziste en a résumé la portée en déclarant récemment qu’avec Macron il était en train de mettre en oeuvre ce que la droite n’avait pas osé entreprendre avec Sarkozy !
Quant aux économistes Philippe Aghion, Philippe Martin et Jean Pisani-Ferry , rédacteurs du programme économique de Macron, ils ont fini par prendre leurs distances avec lui dans une note rendue publique.
Mais c’est surtout sur la gouvernance , qualifiée de jupitérienne par l’intéressé lui même, que se posent les questions les plus préoccupantes. Sous les apparences d’une gouvernance qui aurait retrouvé la majesté et la rigueur républicaine des premières années de la Vème République, on découvre aujourd’hui avec stupéfaction des pratiques que l’on était en droit d’espérer espérer complètement révolues.
Fait du prince et copinage, introduction au cœur du pouvoir de personnages qui n’auraient jamais dû y parvenir, gouvernance opaque par une poignée de petits marquis dévoués au chef auquel ils doivent tout et qui leur passe tout pendant que le premier ministre est affecté à la réduction de la vitesse des automobiles sur le réseau secondaire et que le gouvernement expédie les affaires courantes , couverture inadmissible de faits délictueux , opérations de police parallèle menées avec la bénédiction des plus hautes autorités de l’Etat, mensonges d’Etat intolérables dans une démocratie digne de ce nom.
Bref, nous assistons en direct au naufrage de ce Nouveau Monde, qui apparaît d’un jour cru comme une imposture , et à la résurgence des pratiques les plus détestables que l’on ait connu depuis longtemps sous la Vème République.
Je ne sais pas ou tout cela nous mènera mais je sais aujourd’hui que notre Président , au delà des apparences flatteuses et malgré une communication omniprésente n’est pas l’homme d’Etat que les français attendaient.
Dans cette affaire de cornecul qui le fait trébucher aujourd’hui il a montré sa faiblesse , comme il l’avait d’ailleurs montré lors de son déplacement aux USA face à Trump, qui s’est mué en une véritable farce.
Un homme d’Etat aurait tranché tout de suite, sans états d’âme, et surtout, il n’aurait pas choisi pour en faire l’un de ses collaborateurs les plus proches l’homme que nous avons découvert et qui l’a mis dans une situation impossible.