J’ai inséré, de manière un peu provoquante je le reconnais cette image d’un homo sapiens moderne tenant dans sa main le crane d’un homme de Neandertal pour rappeler que la problématique posée par l’immigration est aussi vieille que l’humanité et que la seule réponse qui y a été apportée au fil du temps a toujours été la guerre ou l’assimilation.
Les inquiétudes exprimées par a Chjama Patriotta au cours de sa conférence de presse sont, toute proportion gardée, du même ordre et se posent dans les mêmes termes .
Elles ont cela étant pour moi un double mérite.
Le premier est de poser crument la question de la disparition ou plutôt la dilution du peuple corse dans un ensemble encore mal identifié, et la nécessité de trouver une solution à ce problème.
Au passage, je le dis franchement, je suis choqué et consterné devant le comportement des intellectuels de gauche français, qui se mobilisent et crient au charron au moindre soupçon de discrimination de la moindre minorité , et assistent muets, les bras croisés, à la disparition d’un peuple minoritaire, sous leurs yeux, dans leur propre pays.
Le deuxième est d’ouvrir enfin , au sein de la famille nationaliste, le débat sur le projet de société, souvent esquissé, jamais vraiment abordé, et la quête identitaire , souvent suggérée mais jamais clairement identifiée avant que U Palatinu ne tombe le masque et dévoile son projet maurassien en se faisant le porte drapeau d’un nouveau nationalisme assumant clairement sa xénophobie et appliquant à la question corse les théories d’Eric Zemmour.
Une fois établi le constat comme l’on fait les membres de a Chjama Patriotta , factuel et difficilement contestable, reste à examiner les solutions.
En vérité il n’y en a guère que deux: l’épreuve de force de ce que l’on appelle ailleurs l’épuration ethnique, et c’est bien ainsi que certains en Corse l’entendent sans l’avouer, ou la remise en route , certes problématique , de la machine à fabriquer des corses.
La première séduira sans aucun doute les plus désespérés d’entre nous, d’aucuns diraient les plus déterminés, et flattera notre ego de peuple fier disposé à se battre jusqu’au bout pour sa survie. Mais elle se heurte à la question des moyens de cette politique, et force est de constater qu’elle n’a jamais , nulle part, été couronnée de succès sans déployer de moyens hors de portée des corses et sans conséquences dramatiques pour la population concernée.
La seconde est aujourd’hui considérée comme devenue impossible étant donné le nombre élevé de nouveaux entrants sur le territoire insulaire, en même temps qu’elle est inévitable si l’on veut éviter que la situation devienne ingérable pour les pouvoirs publics et que la démagogie et l’irresponsabilité de quelques uns conduise à des affrontements dramatiques .
C’est pourquoi la reconnaissance du peuple Corse par la République est devenue vitale pour les corses et inévitable pour la France si elle veut éviter une crise qu’elle n’a plus les moyens de gérer.
Vitale pour les corses parce qu’elle ouvre la voie à la résolution de la question corse au sein de la République et permet d’envisager que , une fois lui même reconnu, le peuple corse se voie ainsi reconnaitre le droit de poser les conditions de l’installation de nouveaux entrants sur le territoire insulaire.
Pour la France car les jacobins qui nous gouvernent, les yeux fixés sur leur nombril seraient bien inspirés de réfléchir à la position dans laquelle se trouve notre pays , membre d’un camp occidental mis en accusation par un nombre de plus en plus important de membres de la communauté internationale , et plus que jamais susceptible d’être mis en cause devant les institutions internationales pour son attitude dans un certain nombre des confettis de l’empire colonial et jusqu’en Corse , au nom du droit des peuples à disposer d’eux mêmes.
Ne nous berçons pas d’illusions, le problème qui nous est posé ne se résoudra ni par des déclarations enflammées , ni par des aménagements cosmétiques des processus mis en œuvre jusqu’à aujourd’hui, il n’a de chances d’aboutir qu’au prix de la révolution copernicienne que constituerait pour la France l’acte de reconnaissance d’un peuple minoritaire en son sein, ce qu’elle est, en Europe, la dernière à refuser.