S’il y a un vainqueur hier en Catalogne, c’est la démocratie, qui a vu une participation record des catalans à cette consultation.
S’il y a un vaincu c’est sans conteste aucun Mariano Rajoy et son parti le PP qui a enregistré un vrai camouflet dont les conséquences auront sans aucun doute des répercussions au plan national espagnol.
Pour le reste une confirmation: les partis indépendantistes, même s’ils n’ont pas progressé depuis 2015 et perdent deux sièges au parlement devraient le pouvoir à la Généralitat , et Ciudadanos le parti de centre droit espagnol fait une vraie percée qui le place en tête des groupes du parlement catalan et le désigne comme un rival de plus en plus sérieux pour un PP en perte de vitesse et déstabilisé par la corruption de ses dirigeants.
Rien qui permette aujourd’hui plus qu’hier de prévoir une issue au blocage qui a conduit aux elections: comment imaginer que le dialogue pourrait s’instaurer aujourd’hui entre un dirigeant catalan, Carles Puigdemont , probablement en situation de retrouver son poste , et un Mariano Rajoy devenu quasiment illégitime pour l’ensemble des catalans!
Difficile pour Puigdemont de persister dans une déclaration unilatérale d’indépendance dès lors qu’il est confirmé que 53% des catalans y seraient hostiles, même si ses alliés d’extrême gauche en font une condition pour l’investir, et pour Rajoy tout aussi difficile de revenir en arrière à partir du moment ou il s’est appuyé sur la constitution espagnole pour justifier d’une politique qui a prouvé aujourd’hui qu’elle était condamnée à un cuisant échec.
Il faudra bien que le roi d’Espagne et les partis espagnols se rendent compte qu’il faut aujourd’hui rebattre les cartes , et cela passe inévitablement par des elections législatives et l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle coalition qui retrouve la légitimité indispensable pour renouer le dialogue entre Madrid et Barcelone.
Il faudra sans doute que, aussi rapidement que possible, la question de l’indépendance de la Catalogne soit clairement posée aux catalans dans une consultation référendaire sereine et acceptée de part et d’autre.
Pour que les enjeux soient clairement établis il faudra que tout soit mis sur la table et en particulier que l’Union Européenne sorte de l’ambiguïté et établisse clairement la doctrine des 27 Etats de l’Union sur la question de l’accession à l’indépendance d’une fraction de l’un d’entre eux.
Pour ce qui concerne la Corse, on voit bien les parallèles qui tentent ceux qui, en Corse comme à Paris, n’ont rien compris à ce qui s’y passe vraiment.
La grande majorité des corses n’aspire pas à l’indépendance et les indépendantistes sont minoritaires dans l’Île . Mais une partie de la jeunesse a coupé les amarres avec la France, c’est une réalité avec laquelle il va falloir vivre dans les années à venir.
La République serait dès lors bien inspirée, avant qu’il ne soit trop tard, de considérer que le danger pour elle ce ne sont pas les autonomistes corses mais l’islam radical qui infeste les banlieues de ses villes, et le populisme qui gagne ses territoires abandonnés.
La Corse n’est pas une région métropolitaine comme les autres , je le répéte avec d’autres qui ne sont pas plus nationalistes corses que moi, depuis des années. Michel Rocard, qui nous manque aujourd’hui plus que jamais, l’avait bien compris , et Emmanuel Macron, auquel il arrive de s’en réclamer, serait bien inspiré de bien réfléchir avant d’emboîter le pas à ceux de ses ministres qui se sont exprimés jusqu’ici.
Je n’imagine pas qu’il puisse le 6 février prochain, se rendre à Ajaccio pour inaugurer le square Erignac, ce qui n’est bien sûr que justice, sans démontrer qu’il peut être le Président qui aura réussi à solder définitivement la Question Corse, et écrit conjointement avec les corses, un nouveau pacte de confiance entre les corses et la République.
C’est le vœu que je forme en cette veille de Noël:
Bone feste o Sgio Présidente , e bon natale a tutti !