La presse corse consacre ces temps-ci un certain nombre d’articles ou de plateaux à des questions certes très importantes pour la classe politico-médiatique et les militants des factions concernées par la préparation des elections, mais dont je ne suis pas convaincu qu’elles intéressent la grande majorité de nos compatriotes.
Pour les nationalistes la grande affaire du moment serait la question de l’union entre autonomistes et indépendantistes: sera-t-elle mise en oeuvre au premier tour ou faudra-t-il attendre le deuxième tour ?
Très franchement, quelqu’un peut il vraiment penser que cela puisse avoir le moindre intérêt à part pour les états majors des partis en cause qui mesurent l’intérêt de la Corse et des corses à l’aune de la petite cuisine qui établit depuis des lustres les rapports de force entre les formations concernées ?
A droite c’est le bouquet : voilà qu’une partie d’entre elle se découvre subitement « régionaliste » ! Se peut il qu’il leur ait échappé que la régionalisation en France date d’environ 50 ans et qu’elle a été d’ailleurs initiée timidement certes par le Général De Gaulle dont, pourtant ils se réclament. Quant à l’autre partie, elle n’a rien trouver de mieux que de se doter d’un chef de file issu d’une famille qui s’est illustrée naguère dans un domaine qui me semble-t-il ne doit pas constituer un exemple pour la jeunesse de la Corse .
Camille De Rocca Serra , nouveau converti au » régionalisme » après avoir combattu bec et ongles les trois statuts particuliers dont la gauche socialiste a doté la Corse, semble avoir abandonné le général comme modèle pour le remplacer par Don Quichotte !
Ce dernier se précipitait sur tous les moulins à vents qu’il rencontrait dans son Estrémadure , il les prenait pour des sarrasins. Camille, lui, voit la Corse aux portes de l’indépendance et en appelle à une nouvelle croisade , non pas contre les maures, mais contre les suppôts de l’indépendance , Gilles Siméoni en tête qui aurait, selon lui, fait tomber le masque.
A gauche c’est la confirmation de la bérésina annoncée : la gauche clientéliste, naufragée après la déchéance de son chef , mais égale à elle même s’est raccrochée comme elle l’a toujours fait au premier radeau venu: en l’occurrence celui d’Emmanuel Macron. Pas sûr que cela profite vraiment à chacun des deux protagonistes: rappelons qu’il s’en est fallu de peu que ce dernier ne soit battu par marine Le Pen en Corse, qui est la seule région métropolitaine qui n’a pas élu de député LREM.
Elle intégrera donc en force une liste LREM qui , faute de dérouler une proposition d’alternance crédible étant donné la perte de crédibilité des rescapés du giacobbisme, a trouvé son cheval de bataille pour la prochaine campagne électorale : la dénonciation de l’autodétermination mise en avant, à mon sens imprudemment et pour des raisons de cuisine interne, par Jean Christophe Angelini.
Le reste de la gauche n’est pas dans une meilleure situation: le PS qui est à l’origine de toutes les avancées institutionnelles de la Corse a disparu des écrans radar , et le PC et LFI sont désavoués par Melenchon arrivé en Corse bon dernier des principaux candidats. alors qu’ils tentent de s’unir.
C’est dire que l’on parlera de tout, et aussi de n’importe quoi , d’ici la mi-décembre prochain, sauf peut être de l’essentiel: porter 63 conseillers territoriaux à l’assemblée de Corse pourquoi faire ?
Nous aurons bien entendu l’occasion d’en reparler, et d’avancer des propositions.