Difficile de ne pas distinguer, à travers les propos de deux de ses plus fidèles et zélés ministres, la ligne que le Président de la République a fixé à ses ministres pour la politique gouvernementale en Corse.
Hier c’était Benjamin Griveaux , porte parole du gouvernement, qui cadrait le dialogue, qui devrait être mené par la ministre du MODEM auprès du ministre de l’Intérieur : les électeurs ont élu les membres de l’assemblée de Corse pour exercer les compétences qui leur sont dévolues et assurer la fusion au sein de la CTC des deux défunts conseils départementaux, point barre.
Aujourd’hui c’est Gérard Colomb, ministre de l’Intérieur, qui en remet une couche en réponse à la question claire et nette du député nationaliste Jean Felix Acquaviva qui lui demandait si le gouvernement était disposé à discuter d’un statut d’autonomie pour l’Île: exercez vos compétences en matière de traitement des déchets, de logement, de formation et d’équipement et le gouvernement vous assistera. La réponse est aussi claire et nette c’est non.
Le ministre ne s’est même pas rendu compte qu’en formulant cette réponse à Acquaviva, il refaisait la campagne d’Orsucci, Mondoloni et Bozzi, et que les électrices et les électeurs avaient répondu tout aussi clairement à ces trois têtes de liste en donnant quitus aux nationalistes pour leur gestion sur les deux dernières années, et en approuvant massivement les orientations qu’ils leur présentaient.
Ce même matin, sur BFMTV, Jean jacques Bourdin demandait à Gilles Siméoni: y a-t-il une Question Corse ? Et Gilles répondait bien sûr qu’il y avait une Question Corse, que c’est une question politique, qu’elle réclame une réponse politique.
C’est un jeu dangereux auquel se livre le gouvernement en refusant de le reconnaître. Peut être espère-t-il pousser les nationalistes à l’exaspération , voire à renouer avec la violence qu’ils ont abandonné ?
Il y a 45 ans Giscard avait déclaré : il n’y a pas de problème corse, il y a seulement des problèmes en Corse. Il semblerait que pour Macron la pendule se soit bloquée à cette date.
Tout cela n’est pas très digne et je veux croire que la raison finira par l’emporter avant que les choses ne prennent une autre tournure.
Ce n’est ni l’intérêt de la Corse ni l’intérêt de la France. Je pense que les dirigeants nationalistes sauront se montrer responsables pour deux : ils en ont aujourd’hui les moyens, et les corses , qui n’aiment pas que l’on prenne les enfants du bon dieu pour des canards sauvages , leur en sauront gré le moment venu.
En se refusant, au mépris de l’évidence, à prendre en compte la nouvelle donne, le gouvernement commettrait une lourde erreur : j’ose espérer que la trêve des confiseurs lui permettra de réviser une position qui est, pour moi, intenable.