musk triompheAlea jacta est: ce sont les mots qu’aurait prononcé Jules César en franchissant le Rubicon pour pénétrer en territoire Romain avec ses légions, ce qui lui était expressément interdit par la loi romaine..

Donald Trump et ses  électeurs  ont hier franchi le Rubicon pour pénétrer en territoire inconnu et quitter pour au moins quatre ans les rivages de la démocratie.

Donald Trump a été élu par le peuple américain. Il nous fait peur, mais il n’a pas fait peur aux electeurs américains,  et c’est quelque chose qui doit nous interpeller, car nous ne sommes pas à l’abri d’une évolution de cette ampleur.

Dans Le peuple contre la démocratie, publié en 2019, le sociologue Yasha Mounk analysait déjà lucidement  la montée des mouvements populistes et leur impact sur les démocraties modernes. Il décrit comment la combinaison de la démocratie et du libéralisme, qui a longtemps été perçue comme stable, et qui est de plus en plus fragilisée par une vague du populisme qui exploite les frustrations des citoyens envers les « élites » politiques et économiques.

Mounk identifiait précisément les dangers que cette tendance représente pour les institutions démocratiques et avançait des solutions pour revitaliser et protéger la démocratie face à ces menaces.

Dans le courant du XXème siècle l’universalisme et le multi littéralisme ont marqué l’histoire des démocraties.

L’universalisme s’est hélas retrouvé plus tard assimilé au colonialisme , et les décoloniaux se sont déchainés, ne sachant plus comment multiplier les  flagellations pour se faire pardonner ce qu’ils considèrent comme impardonnable, et se couvrant la tête de cendres pour expier leurs pêchés.

L’antiracisme a sacralisé les différences, racialisé les minorités en les assignant à leur couleur de peau, leur religion qu’il serait impossible de dépasser, ou leur sexualité , arguant par exemple du fait que  seul un noir serait capable comprendre les noirs, ou une femme les femmes .

Les immigrés n’ambitionnent plus de s’intégrer aux populations qui les accueillent, mais  nous somment au contraire de leur permettre pouvoir cultiver leur différence, que les « progressistes » présentent comme  des manifestations de résistance , pendant que  les minorités sexuelles prétendent quant à elles redéfinir les normes, avec le soutien intéressé des mêmes « progressistes ».

C’est ce que nous vivons et acceptons encore en France, mais ce qui vient de se passer aux Etats Unis devrait nous donner à réfléchir , et donner du grain à moudre à ceux qui veulent sortir la gauche du guêpier des réformes sociétales dans lequel elle s’est fourvoyée, quand elle ne s’y est pas carrément vautrée.

Kamala Harris s’est ainsi un jour affichée avec une cohorte de Drag Queens, sans se demander , apparemment, quel effet cela pouvait entrainer dans les Etats aujourd’hui rouge vif sur la carte des Etats Unis ou elle faisait campagne.

A force de découper en  tranches comme un saucisson  la population américaine, et de s’adresser obstinément à chaque tranche de saucisson elle a oublié l’essence du politique qui consiste à fédérer l’ensemble de  la population, dans distinction de sexe, de race, de religion,  dans un projet ou chacun se reconnait comme citoyen d’une même nation , et non comme membre d’une communauté raciale, sexuelle, religieuse qu’il faudrait servir en tant que telle.

Les Etats Unis ne sont plus une Nation, mais un agglomérat de minorités repliées sur elles mêmes qui acceptent de moins en moins de vivre ensemble, et c’est ce qui guette notre pays, faute d’un projet qui dépasse et transcende les différences pour se consacrer au développement et au partage du bien commun.

La gauche américaine a atteint ainsi le degré zéro  de la politique et le résultat est là: elle a réussi à convaincre les américains qu’elle était plus dangereuse pour eux  que Donald Trump, comme Mélenchon a réussi ce qui paraissait impossible, apparaitre aux yeux d’une majorité de français plus dangereux pour eux que Marine Le Pen et Bardella !

La révolution qui s’est manifestée aux Etats Unis  est une révolution conservatrice , et il est temps que la gauche prenne ses distance avec les chimères de l’insurrection populaire importées d’Amérique latine par la gauche radicale pour ne pas sombrer avec elle.

Ceux qui se réclament encore de Jean Jaurès feraient bien de méditer ses propos lorsqu’il  déclarait : le socialisme c’est la République !