CDCLa séquence qui s’est déroulée ces derniers jours entre la session extraordinaire de l’assemblée de Corse et le colloque de Cargèse marquera de son empreinte la sphère politique et sociétale dans notre Île pour  les semaines et les mois qui viennent.

Les collectifs anti mafia aMaffiaNo et Massimu Susini, qui a organisé le colloque, on invité la population à manifester le 8 mars prochain  à Ajaccio, son soutien à la lutte contre l’emprise mafieuse qui enserre la Corse dans le filet de ses interets. Il nous faut souhaiter vque la mobilisation soit massive et montre la détermination des corses.

Nés il y a six ans les deux collectifs se sont heurtés longtemps à l’indifférence générale, quand ce n’était pas l’hostilité des services de l’Etat et de la majorité des élus et des institutions qui auraient dû pourtant se joindre à eux. Ils ont tenu bon, et peuvent se féliciter aujourd’hui d’avoir obtenu, envers et contre tous, ce premier résultat.

Mais il ne doivent surtout pas baisser les bras et je n’en veux pour preuve que la décision votée à l’unanimité par la même assemblée de Corse  , sous la pression d’interets qui ne sont pas tous très clairs, de s’opposer aux dispositions visant à mieux protéger le site de Scandola des bateaux qui pullulent l’été dans cette zone. A peine sèche l’encre de la délibération votée , égalemment à l’unanimité, lors de la session extraordinaire.

Lorsque l’on évoque la mafia, on pense bien sûr à la Sicile. Pourtant les conditions dans lesquelles se sont développées ces manifestations criminelles en Corse et en Sicile sont très différentes.

En Sicile, après l’unification de l’Italie en 1861, les grandes propriétés foncières , les latifundia, autrefois contrôlées par les aristocrates, sont morcelées et louées à des intermédiaires, les gabelloti. Ces derniers exploitent les terres dans des conditions difficiles et ont recours à des hommes armés pour protéger leurs intérêts, singulièrement les réseaux d’adduction d’eau pour l’irrigation. Ces groupes armés constituent les premiers noyaux mafieux siciliens.

En Corse il y a bien sûr toujours eu des bandits. Il a fallu cependant attendre les années 1970-80 et l’arrivée massive des rapatriés d’Algérie , pour que commencent à se déverser tout aussi massivement les fonds publics et que les insulaires accèdent en nombre au crédit bancaire à l’occasion de la mise en valeur agricole de la plaine orientale, pour que commencent à se manifester les premières bandes armées investissant sur place le produit des braquages de banque, alors que l’on assistait parallèlement à la naissance d’une économie touristique et que se déchainait la violence politique clandestine.

Les conditions étaient réunies pour que se mettent en place et prospèrent les mafias opérant dans notre Île: une  police et une Justice entièrement dédiées à la lutte contre la violence politique clandestine, pour fournir au gouvernement des résultats,  quant elles ne se laissaient pas enferrer dans la collaboration avec les voyous pour obtenir des renseignements en échange de services,  associés au développement incontrôlé du secteur touristique et de l’immobilier qui l’accompagne.

Il n’y a pas de mafias dans les régions ou se développent l’industrie automobile, la sidérurgie ou  les entreprises électronique et informatiques, car on ne peut pas blanchir l’argent du crime dans ces secteurs d’activité, mais il y en a dans les régions livrées à la mono industrie du tourisme, l’immobilier de loisirs et la spéculation foncière qui l’accompagnent.

Si elles n’investissent pas dans l’industrie automobile, les mafias investissent dans l’immobilier: hôtels, résidences de luxe, restaurants, complexes de loisir , pour blanchir très facilement l’argent du crime en revenus légaux, car les transactions immobilières permettent de recycler d’importantes sommes d’argent en toute discrétion.

En outre, en infiltrant les administrations locales, les mafias obtiennent sans difficulté des permis de construire frauduleux et imposent leurs entreprises dans les grands projets touristiques, utilisent des prête-noms pour acheter des terrains à bas prix et spéculer. Elles s’assurent ainsi peu à peu le contrôle du territoire et répandent la corruption.

Pour accroitre leurs profits elles imposent des travailleurs étrangers précaires ou sous-payés sur les chantiers, et s’assurent soit directement soit par le racket le contrôle des entreprisses du BTP .

Il ne faut pas se bercer d’illusions, les déclarations d’intention les plus fermes n’y changeront rien: on n’arrivera pas à endiguer l’emprise des mafias sur notre économie et sur notre société si on ne s’engage pas, sans plus tarder, dans la remise en cause du, modèle économique et social qui leur a permis de prospérer.

 Ce ne sera pas facile, car les habitudes et les résistances habituelles s’y opposeront , sans parler du poids des lobbys qui viennent de démontrer à Scandola leur importance et leur force.

C’est cependant indispensable, voire vital,  car sans cela, non seulement les mafias reprendront force et importance, quels que soient les coups qui leur auront été portés, mais elles s’assureront que les autorités et la société ne puissent plus jamais recommencer ce qu’elles commencent à entreprendre aujourd’hui.

s’il y a un combat pour lequel ce qui reste du Peuple Corse doit ce lever, et mettre toutes ses forces dans la balance c’est bien celui là, car la démonstration vient de lui en être apportée à Scandola, il ne pourra pas compter sur ses représentants pour le faire.