La question de l’autodétermination , qui ne se posera objectivement pas avant des lustres, sera sans doute au cœur d’une campagne ou elle n’a rien à faire et ne peut produire que de la confusion.
Mais, puisque l’ensemble des forces conservatrices entend en faire son cheval de bataille j’en parlerai donc, parce que j’accepte difficilement que l’on détourne l’objet d’un scrutin, en invoquant une question qui ne se pose pas.
J’ai voté, à deux reprises , lorsque je siégeais à l’assemblée de Corse pour » la reconnaissance du peuple corse ». J’ai voté non pas parce que c’était alors la mode ou parce que le gouvernement socialiste avait inclus cette disposition dans le préambule du premier statut particulier de la Corse.
J’ai voté parce que pour moi il existe un peuple corse et qu’il importe pour moi qu’il soit reconnu par la République française à laquelle il a beaucoup donné , à commencer par son sang , au cours des guerres ou ses enfants se sont souvent illustrés.
Beaucoup de ceux qui, aujourd’hui font semblant de s’inquiéter de la dérive indépendantiste du mouvement autonomiste ont d’ailleurs voté avec moi. La différence c’est qu’ils se aujourd’hui refusent à tirer les conséquences de leur vote.
Reconnaître l’existence d’un peuple revient à reconnaître son droit à disposer de lui même, c’est aussi simple que cela. Je voudrais dire à ceux qui poussent aujourd’hui des cris d’orfraie qu’il fallait y penser avant.
Ils ont d’ailleurs, pour certains d’entre eux, récidivé en votant la co-officialité de la langue sans y croire davantage..
Reste que l’invocation de la constitution française à tout propos évite de se poser des questions sur les multiples contradictions qu’elle comporte et qu’illustre parfaitement cet essai sur l’idée de peuple dans la constitution française.
C’est ainsi que le Conseil Constitutionnel a reconnu que la constitution française reconnait par exemple au sein du peuple français « les peuples d’outre mer » aux quels elle le reconnait le droit à l’autodétermination alors qu’il l’a refusé pour le peuple Corse.
Il est clair cependant que pour ce qui me concerne , s’il advenait que la question soit posée de mon vivant, je ne voterais pas pour l’indépendance.
Pour autant je reconnais sans aucune difficulté à celles et ceux qui pensent que ce serait utile et profitable à la Corse le droit de s’exprimer comme tout un chacun et de militer pour cette cause: je pense tout simplement que ce ne serait ni l’intérêt de la Corse ni l’intérêt du peuple corse.
Je voterai donc, et je ferai campagne pour la liste que conduira Gilles Siméoni pour trois raisons importantes à mes yeux.
- La première est que je souhaite que soit poursuivi plus avant ce que les corses ont voulu en octobre 2015 en portant les nationalistes au pouvoir à la CTC , afin que les idées qu’ils ont popularisé durant tant d’années subissent l’épreuve du pouvoir.
- La deuxième est que je ne souhaite pas revoir à la tête de nos institutions celles et ceux qui ont pendant des lustres démontré leur incapacité à prendre la mesure de la question corse , à commencer par ceux qui aujourd’hui tentent désespéramment de se raccrocher aux branches du parti au pouvoir après avoir sans piper mot couvert les turpitudes qui ont jalonné la dernière mandature.
- La troisième enfin, c’est que j’ai confiance en Gilles Siméoni , dont j’apprécie l’ouverture d’esprit et l’intégrité qui sont pour moi les deux choses les plus importantes chez un homme politique.