Emmanuel Macron a mis le pragmatisme au premier plan des modalités d’action qu’il envisage pour le quinquennat. Si l’on veut bien ne pas considérer le terme dans son acception philosophique, cela se résume pour un homme politique, ou un homme d’action plus généralement, à un comportement, une attitude intellectuelle ou politique, qui privilégie l’observation des faits par rapport à la théorie..
Le Président va avoir l’occasion de mettre en pratique ce pragmatisme à l’épreuve de la question corse en répondant tout simplement à quatre questions.
Question 1: existe-t-il , à part la Corse, une région française métropolitaine qui ait élu, il y a deux ans, et qui s’apprête d’ailleurs à réélire, deux dirigeants appartenant à des partis politiques dont l’un réclame l’indépendance et l’autre considère la France comme une puissance coloniale ?
Ne cherchez pas pas il n’y en a pas.
Question 2: existe-t-il, à part la Corse, une région française métropolitaine, ou les mêmes dirigeants, le jour de leur installation, ont prêté serment sur la Justification de la révolution de Corse, une « bible » du paolisme de 1758, dix avant le traité de Versailles où Gênes cède la Corse à la France. ?
Ne cherchez pas, il n’y en a pas.
Question 3: existe-t-il, à part la Corse, une région française métropolitaine qui ait voté, à une très large majorité, une délibération demandant à ce que la langue régionale ait le statut de langue officielle à parité avec la langue française ?
Ne cherchez pas, il n’y en a pas.
Question 4: existe-t-il, à part la Corse, une région française métropolitaine qui ait voté, à une large majorité, une délibération demandant à ce que soit institué un statut de résident qui autorise les seuls résidents pendant plus de 10 ans dans la région à acquérir un bien immobilier ?
Ne cherchez pas, il n’y en a pas.
Question 5: existe-t-il, à part la Corse, une région française métropolitaine qui a voté, à plusieurs reprises et à une très large majorité, une résolution affirmant l’existence d’un Peuple Corse et demandant sa reconnaissance par la République?
Question 6: existe-t-il, à part la Corse, une région française métropolitaine qui n’a élu aucun député LREM et qui a largement élu trois députés autonomistes dont les suppléants sont indépendantistes, sur les quatre circonscriptions que compte l’Île.
Ne cherchez pas il n’y en a pas.
La réponse qui s’impose est toute simple: la Corse n’est pas une région métropolitaine française comme les autres et il faut , de manière pragmatique, en tirer les conséquences politiques sans plus tarder et sans tergiverser.
La démocratie s’est exprimée, clairement, et le premier ministre est à coté de la plaque lorsqu’il estime qu’il s’agit là d’un vote identitaire, comme son ministre porte parole du gouvernement qui botte en touche lorsqu’il exprime, à tort, qu’il n’existe pas d’autonomie constitutionnelle dans notre pays.
Une loi organique appliquée à la Polynésie Française stipule : Territoire d’outre-mer au sein de la République, la Polynésie française constitue une collectivité d’outre-mer dont l’autonomie est régie par l’article 74 de la Constitution. On peut trouver ici l’intégralité du texte en question.
L’Île de Corse, qui dispose d’un statut particulier, n’est d’ailleurs pas qualifiée de Région Corse mais de Collectivité Territoriale de Corse…
Le gouvernement doit arrêter de jouer avec les mots et entamer sérieusement les discussions avec les élus de l’assemblée de Corse pour arrêter les principes d’un statut d’autonomie pour la Corse qui permette à l’assemble de corse, dans les domaines dont la négociation aura reconnu l’importance pour l’avenir des corses, d’élaborer les textes qui auront force de Loi sur son territoire.
Elles n’ont que trop tardé, et l’attitude de François Hollande qui s’est montré , pour un socialiste et contrairement à d’autres , pour ne citer que François Mitterrand, Michel Rocard et Pierre Joxe très en retrait sur la Corse, n’a rien fait pour arranger les choses entre les corses et la République.
Manuel Valls , qui avait pourtant pendant les primaires socialistes de 2012 déclaré que l’autonomie ne le dérangeait pas , a payé cher sa loyauté au Président dont il m’avoua un jour qu’il trouvait son attitude envers la Corse incompréhensible et qu’il en était extrêmement agacé.
A Emmanuel Macron qui se déclare Girondin de tourner la page, s’il est toutefois capable de surmonter les obstacles que ne manqueront pas de lui opposer ceux qui, dans son gouvernement, dans sa majorité comme dans l’opposition se montreront des jacobins intransigeants.
Nous aurons sans doute à en reparler très bientôt.