C’est à peu près clair pour tout le monde aujourd’hui, en France il y a des droites et des gauches, et non la droite et la gauche.
Soit, Encore que, si l’on y regarde de plus près cela s’avère, on le verra, un peu plus compliqué.
Voyons d’abord les droites: Dans son ouvrage de référence » Les Droites en France » René Remond distinguait:
La droite légitimiste héritière de l’ultra-royalisme, catholique et réactionnaire,
La droite orléaniste héritière de tendance libérale de la monarchie, bourgeoise, et liée au monde des affaires,
La droite bonapartiste, autoritaire et impérialiste.
Au cours de l’histoire de nos républiques la première a produit des hommes comme Thiers, symbole s’il en est de la réaction, la seconde des hommes comme comme le Guizot de » enrichissez vous » , la troisième et plus récemment Nicolas Sarkozy.
On peut dire aujourd’hui que Fillon, qui n’a plus de gaulliste que le nom dont il continue de s’affubler, est l’héritier de la première, Bayrou de la seconde et Sarkozy de la troisième.
A l’heure actuelle seule la première sera représentée à l’élection présidentielle.
Voyons à présent les gauches: rien de comparable au remarquable ouvrage de René Remond jusqu’à ce que Jacques Julliard se décide à rédiger un ouvrage destiné à faire référence « Les Gauches Françaises » publié chez Flammarion.
Il discerne quant à lui quatre gauches :
La gauche libérale: ancrée à gauche mais regardant sans complexe vers droite quand il s’agit d’ordre et d’autorité , elle croit à la laïcité, à l’économie de marché mais pas à la société du marché, et elle est attachée au système représentatif . Elle est sans conteste possible représentée aujourd’hui par Manuel Valls.
La gauche jacobine: foncièrement étatique, patriote, volontariste, elle est guettée par l’archaïsme et le souverainisme. C’est pour moi Arnaud Montebourg qui le représente le mieux aujourd’hui.
La gauche collectiviste, prétendant représenter le prolétariat, elle est centralisatrice et régulièrement tentée par la rupture avec la démocratie bourgeoise. C’est bien sûr Jean Luc Melenchon qui en est incontestablement l’héritier.
La gauche libertaire enfin, jamais inscrite dans un seul parti, jamais représentée au Parlement, avec deux moments clés, l’anarcho-syndicalisme et Mai 1968.
Restent deux cas qui me posent problème : Benoit Hamon et Emmanuel Macron que j’ai du mal à identifier.
Le premier me semble incarner une catégorie que ne fait pas apparaître Julliard, que j’appellerais La gauche Mitterrandiste , ou du moins son avatar du XXIème siècle, cocktail assez bien venu de principes et de pragmatisme.
Pour le second je suis plus que troublé. Dans mon parcours politique j’ai rencontré nombre de gens, très sympathiques au demeurant, qui m’approchaient en déclarant qu’ils n’étaient ni de gauche ni de droite.
J’ai pu constater par la suite que la très grande majorité d’entre eux était de droite, ce que je trouve bien entendu parfaitement respectable, mais pour une raison ou une autre ils n’arrivaient pas à l’assumer.
C’est donc plutôt vers la droite orléaniste que je m’orienterais pour caser Macron , celle de Guizot qui incitait les français à s’enrichir, lui qui voudrait que les jeunes aient envie d’être milliardaires, ce qui constitue un objectif de vie sans doute honorable, mais notoirement insuffisant.
Reste donc aux représentants des trois gauches, car la quatrième n’aspire pas à accéder au pouvoir, à bien réfléchir aux responsabilités qui sont les leurs, faute de voir le droite, quel que soient les oripeaux dont elle se revêtira, s’installer pour les lustres à la tête de la République.
Jamais aucune d’entre elles n’a gagné seule, jamais aucune d’entre elles ne s’imposera aux deux autres sans concessions.