C’est un pari audacieux qu’ont pris hier les élus de l’assemblée de Corse en adoptant le dispositif proposé par l’exécutif.
Plutôt qu’une Compagnie Régionale c’est, comme le dit fort bien François Alfonsi, un « bouquet de sociétés publiques » que nos élus ont choisi de mettre en place, mais, qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse dit un vieil adage.
L’objectif affiché est bien de maîtriser les transports maritimes à la fois par la maîtrise de la flotte et un meilleur contrôle de l’exécution des DSP (délégations de services publics) dévolues par la CTC aux opérateurs.
Ainsi la première des sociétés publiques sera une SEM , dont le capital sera contrôlé à environ 70% par la CTC aura vocation à constituer et maintenir une flotte suffisante, à terme, pour couvrir le périmètre des DSP.
Pour l’exploitation, ce sont deux SEMop (Société d’économie mixte à objet unique) qui seront mises en place : une pour les ports secondaires, Ile Rousse, Propriano, PortoVecchio, l’autre pour les ports principaux , Bastia et Ajaccio. Dans chacune d’entre elles la CTC envisage de prendre une participation de 34% au capital.
Ce dernier dispositif est particulièrement original, et la Corse innove en envisageant de les mettre en oeuvre dans le domaine du transport maritime. Dans son intervention, Jean-Félix Acquaviva, le président de l’Office des Transports en détaille l’architecture et en esquisse le mode de fonctionnement et le financement.
Reste à présent à valider et mettre en place le dispositif dans le détail, mettre au point le partenariat public-privé et les conditions de son fonctionnement. Le souci exprimé il y a quelques jours par les élus de l’assemblée de Corse de procèder à l’évaluation des politiques publiques va trouver là un champ d’expérimentation aussi complexe qu’interessant.
C’est une nette majorité des élus de l’assemblée qui a validé ce dispositif, avec 36 voix: la majorité territoriale , le groupe de droite , et Antoine Ottavi transfuge du groupe giacobbiste qui s’est abstenu. Seuls, et ce n’est pas une surprise, les 3 communistes ont émis un vote négatif.
Connaissant et ayant pu mesurer dans le passé l’intérêt de José Rossi , le président du groupe de droite à l’assemblée, pour l’économie mixte, il a présidé pendant 6 ans la SITEC dont j’étais Directeur Général, je ne suis pas surpris qu’il ait réussi à convaincre ses collègues du bien fondé du dispositif.
Bon vent donc au nouveau bouquet de compagnies publiques, même si nous ne sommes plus au temps de la marine à voile…