Le magazine Grand Continent publie aujourd’hui le manifeste que Curtis Yarvin, le principal théoricien néoréactionnaire de la Silicon Valley adresse à Donald Trump pour qu’il instaure toutes affaires cessantes un nouveau régime aux Etats Unis et mette en place un hard party, le parti unique qui doit prendrai d’assaut l’Etat, s’emparer de la totalité des pouvoirs et gouverner à sa place de l’Etat.
Sur cette image, de Gauche à droite, JD Vance, Peter Thiel et Curtis Yarvin.
Ce document d’une soixantaine de pages est un plaidoyer aussi clair que glaçant pour que l’administration étasunienne et Trump passent , avant qu’il ne soit pour eux trop tard selon Yarvin, à l’exécution du plan qui doit permettre la mise en place d’un régime fasciste aux Etats Unis.
Yarvin n’est pas n’importe qui: il est considéré comme le mentor idéologique de Thiel , lui même considéré comme le plus important des membres de la « mafia PayPal » qui contrôle aujourd’hui l’essentiel de la puissance de frappe de la tech étasunienne.
Ils ont un homme à la Maison Blanche, JD Vance, qui cite souvent Yarvin comme un intellectuel d’influence majeure dans son pays.
La mafia PayPal fournit le capital et les infrastructures, tandis que Yarvin fournit le logiciel idéologique.
L’objectif de cette clique est aujourd’hui parfaitement clair: transformer radicalement l’Occident en imposant un régime totalitaire , parfois comparé au régime en vigueur en Chine, à la différence près qu’il serait entièrement privé , et la gouvernance confiée à une élite issue des entreprises de la Silicon Valley.
Elle propose ni plus ni moins de démanteler la démocratie pour la remplacer par un monde géré comme un immense fonds d’investissement. Peter Thiel, le cornac de JD Vance , est l’un de ses plus célèbres disciples.
Ce document dresse un constat d’échec des premiers mois de l’administration Trump, et se présente comme un appel à l’accélération . Yarvin considère que la première année du second mandat de Trump (l' »an II ») a échoué : l’administration s’est stabilisée et a intégré « l’État profond » au lieu de mener à son terme le « changement de régime ». Pour éviter une défaite tragique, il faut selon lui radicaliser la révolution en franchissant définitivement le « Rubicon ».
Pour la première fois, la vocation fasciste du projet néoréactionnaire n’est plus suggérée, mais explicitement revendiquée. Il circule actuellement dans les cercles du pouvoir à Washington.
Ces idées ne sont pas présentées comme une spéculation, mais comme un plan concret . Elles s’inscrivent dans le mouvement néoréactionnaire « NRx », qui rejette les Lumières, l’égalité et la démocratie au profit d’un gouvernement par une élite technocratique ou un souverain fort.
Parmi les propositions les plus radicales de Yarvin :
- Remplacer la démocratie par une « techno monarchie » ou un système à parti unique , le « hard party« .
- Utiliser une application numérique de « réalité augmentée » pour infiltrer et pervertir les institutions démocratiques de l’intérieur.
- Réinventer consciemment les formes politiques des années 1920-30 , le fascisme, en utilisant les outils de la Silicon Valley.
C’est un projet de transformation totale de la société et de la vie individuelle, bien au-delà d’un simple changement de gouvernement, évoquant les régimes totalitaires avec une instabilité violente et délibérée, rejetant toute idée de compromis, de stabilité ou de transition pacifique du pouvoir.
On aurait tort de prendre ces propos à la légère. Si Trump a visiblement déçu la mafia PayPal, elle dispose au coeur du pouvoir d’un homme à elle, le vice président JD Vance, totalement acquis à ces idées.
De là à ce que ce manifeste ne soit qu’une étape préalable à la déposition de Donald Trump, devenu inutile voire gênant , nous ne tarderons pas à la savoir.
On comprend mieux, en parcourant ce torchon sinistre, la haine que vouent à l’Union Européenne les émules de Yarvis et Thiel , au premier rang desquels le vice président des Etats Unis, et combien il est important que nous en prenions conscience car, même lorsque Trump retournera au placard de l’Histoire dont les étasuniens n’auraient jamais dû le sortir, et lorsqu’il sera comme il le mérite en prison, les milliardaires qui ont nourri ce projet seront encore là, et probablement plus riches qu’ils ne le sont aujourd’hui.
Vincent CARLOTTI est un homme politique français, né à