poignée de mainsNous arrivons au bout de l’année 2017 et nous allons aborder une nouvelle année qui s’annonce , pour le moment, d’une exécution particulièrement difficile pour la nouvelle majorité territoriale.

C’est dans ce contexte que nous arrive une nouvelle que je trouve pour ma part plutôt inquiétante,  la reprise annoncée par le consortium qui contrôle la compagnie maritime Corsica Linea, du seul quotidien insulaire, Corse Matin.

Je ne crois pas qu’il faille, comme le présentent les protagonistes de cette affaire, ramener cette décision au simple sauvetage d’une entreprise en péril, car les enjeux sont de mon point de vue bien plus importants.

Un petit retour en arrière s’impose d’abord concernant la déconfiture de la SNCM et les conditions de sa reprise devant le Tribunal de commerce de Marseille par le groupe ROCCA puis par le CONSORTIUM des chargeurs à l’origine son rival, avec la bénédiction de la majorité giacobbiste de l’époque.

La nature du CONSORTIUM , constitué pour l’essentiel de chargeurs et de professionnels de la grande distribution, n’avait pas interpellé la majorité de l’époque, pas plus qu’elle ne s’était semble-t-il interrogée sur l’impact que cette organisation pouvait avoir à terme sur l’économie de l’Île.

Reste qu’à un monopole public du transport maritime entre l’Île et le continent , cogéré de manière calamiteuse par l’actionnaire Etat et le syndicat majoritaire des marins CGT, a succédé un duopole privé constitué par la Corsica Ferries qui contrôle aujourd’hui plus de 80% du transport de passagers, et Corsica Linea qui est en voie de s’assurer 80% du trafic de marchandises.

On pouvait imaginer que la majorité élue en décembre 2015 se serait inquiétée là ou ses prédécesseurs s’étaient montrés pour le moins laxistes, pour ne pas dire complaisants, quant à l’impact d’un groupe associant chargeurs et distributeurs dans ce qui constitue le poumon de  l’économie de l’Île, c’est à dire ses importations et ses exportations.

On pouvait imaginer qu’elle se serait préoccupée de disposer dans la nouvelle compagnie maritime d’une part du capital suffisante pour s’assurer que les choix du nouvel entrant dans un secteur clé, ne seraient pas uniquement dictés par l’intérêt de ses actionnaires.

Il n’en a malheureusement rien été . La majorité nationaliste a mis toute son énergie à bâtir un invraisemblable mécano pour assurer ce que les deux principaux impétrants voudront bien lui laisser de la desserte de la Corse , en se portant acquéreur de ce qu’il faut bien considérer comme deux rafiots.

J’ai cru comprendre en outre que la majorité envisageait d’ouvrir le capital des SEM constituées à cet effet aux deux opérateurs s’ils le souhaitaient.

Si cela se réalise, cela aura pour effet que les opérateurs privés auront leur mot à dire sur les choix de l’opérateur public, alors que ce dernier n’aurait pas son mot à dire sur le choix de l’opérateur privé..

Et voilà qu’aujourd’hui , outre les questions qui viennent d’être évoquées se pose celle de la prise de contrôle du quotidien insulaire unique par le CONSORTIUM.

Sur le continent il y a belle lurette que les groupes financiers les plus importants ont compris combien il était important de s’assurer du contrôle des médias pour développer leur business et, quand il le fallait, donner un petit coup de main à leurs amis politiques.

Pas un magazine, pas un quotidien important qui leur ait échappé.

Je ne pense pas que ce modèle soit le plus pertinent pour notre Île. Je suis au contraire persuadé qu’il l’a conduirait à sa perte.

Vouer la République aux gémonies et vouloir s’affranchir de son contrôle a été depuis l’origine l’obsession des nationalistes, et je peux le comprendre étant donné la politique que beaucoup trop de gouvernements ont mené dans l’Île pendant des lustres.

Mais faudrait il pour autant y substituer la domination sans partage de groupes qui, seraient ils corses, ont pour principale préoccupation, et comment leur en vouloir,  leur propre intérêt ?

Je ne le crois pas.

Je crois par contre à la politique, lorsqu’elle veut bien se souvenir qu’elle est au service du peuple, c’est à dire de l’intérêt général.

Aux nationalistes aujourd’hui au pouvoir de s’en souvenir, s’ils ne veulent pas que l’on puisse dire dans quelques années : tout ça pour ça ?