casabianda 1Le domaine de Casabianda est situé sur la Commune d’Aléria. D’une superficie d’environ  1600 ha , soit 27% du territoire de la commune, il longe le littoral d’Aléria sur 7 kilomètres, de l’embouchure du Tavignanu au grau de l’étang d’Urbinu,  soit 70%du littoral communal.

C’est dire le poids du domaine de l’Etat à Aléria , l’Etat étant exonéré de  la taxe foncière sur les propriétés bâties et n’étant pas soumis à la loi concernant l’obtention des permis de construire et donc aux taxes sur l’urbanisme.

Le domaine appartenait à l’origine au  capitaine Franceschetti, officier des armées napoléoniennes. En 1842, le domaine, d’une superficie de 1600 hectares, est l’objet de  travaux d’assainissement et de défrichage effectués par une main d’œuvre composée de 700 ouvriers, corses et sardes. Le financement des opérations est assuré par le Crédit Foncier, principal créancier et actionnaire de la société agricole  créée à cet effet . Le fort taux de mortalité, dû au paludisme décima la quasi-totalité de la main d’œuvre et mis fin aux opérations de mise en valeur . Le domaine fut mis en vente aux enchères par le Crédit Foncier pour un montant estimé à 1 612 000 francs le 30 septembre 1861. L’état en devint acquéreur pour la somme de 528 000 francs pour le compte de l’administration des prisons, rattachée, à l’époque, au ministère de l’intérieur.

Après la guerre, la paludisme ayant été pratiquement éradiqué à Aléria,  un pénitencier original pour l’époque accueillit une prison expérimentale , une prison sans barreaux, dont les détenus, jouissant d’une certaine liberté, travaillaient à la transformation du domaine en exploitation agricole.

Cette « expérimentation » n’a depuis jamais été dupliquée , et l’Etat n’a cessé de s’interroger sur l’avenir du pénitencier, qui ne compte aujourd’hui qu’une centaine de détenus et dont l’exploitation agricole laisse à désirer.

En 1989, j’étais alors maire d’Aléria, je m’étais entretenu avec Jean Pierre Dintilhac Directeur Général de l’Administration Pénitentiaire qui m’avait confié que la question se posait de fermer le centre de Casabianda, mais ce qui empêchait la prise de décision c’était la situation que connaissait alors la Corse.

Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et la situation a évolué, à mon sens favorablement, pour une prise de décision franche et claire de la part de l’Etat.

Dans les faits on en est loin: si l’Etat commence à lâcher, c’est au compte goutte, et sans aucune véritable ambition comme si il préférait se débarrasser discrètement de son patrimoine.

C’est ainsi que quelques hectares ont été cédés à une entreprise d’équarrissage, et qu’une soixantaine d’hectares ont été vendus  à la commune d’Aléria , au niveau de l’ancien village vacances du CNOSAP, les œuvres sociales du ministère de la Justice, plusieurs fois victimes d’attentats et fermés en conséquence depuis longtemps. La commune aurait cédé son bien à un promoteur à bail emphytéotique de 30 ans.  Ce dernier aurait t l’intention, sous toute réserve, d’y établir un camping de 2500 emplacements.

Par ailleurs, la FDSEA aurait l’intention d’installer à Casabianda une ferme de 400 veaux et serait en négociation avec l’Etat.

Bref, on s’achemine semble-t-il doucement vers une vente à la découpe de ce magnifique ensemble.

Il n’est ni raisonnable ni acceptable de continuer dans cette voie. L’existence de ce vaste domaine est pour la Corse et pour la commune d’Aléria une chance qu’il faut saisir pour en assurer le développement conformément aux aspirations du moment à un développement durable et équilibré de son potentiel.

Il est indispensable et urgent de connaitre la position de l’Etat sur le sort du pénitencier. D’abord pour les personnels qui, pour la plupart se sont fixés à Aléria depuis longtemps, et qui doivent connaitre le sort qui leur est réservé par leur employeur.

Ensuite pour envisager les solutions qui s’imposent pour transférer ce remarquable ensemble à la Corse, comme cela a été fait ailleurs en Corse pour la citadelle d’Ajaccio et les bâtiments de la Légion Étrangère à Bonifacio.

Pour cela, je suggère pour ma part que le réceptacle de ce transfert soit assuré par un Syndicat Mixte groupant la CDC et la Commune d’Aléria: cela pour  garantir avec la présence de la CDC que le principe de l’intérêt général de la Corse et des corses sera respecté, et avec la présence de la commune d’Aléria qu’elle aura son mot à dire quand seront décidées les opérations de mise en valeur du site.

Nous pourrons reparler plus tard de la vocation qui serait donnée à cet ensemble ainsi que de la méthode destinée à associer la population à l’ensemble des décisions des collectivités.

Pour le moment je me contenterai de soumettre ces propositions à la CDC, et à nos parlementaires qui pourraient utilement interpeller la Garde des Sceaux et le Premier Ministre sur le sujet.

Pour ce qui concerne Aléria, la campagne électorale qui commence pourrait permettre aux différents candidats de se saisir de ce dossier si cela leur parait de nature à intéresser leurs electeurs !