saveriu lucianiAu cours d’un séjour professionnel en Israël; à Tel Aviv, plus précisément au moment des accords de Camp David , je me souviens d’avoir échangé avec mes interlocuteurs israéliens sur les raisons de la guerre avec les palestiniens et d’avoir découvert que l’une des causes les plus importantes des affrontements avec la Syrie était le contrôle des eaux du Jourdain.

La question de l’eau, si l’on songe à l’augmentation exponentielle de la population dans le monde, va devenir l’une des plus cruciales, et sûrement la cause d’un certain nombre des guerres qui nous guettent dans un futur proche.

En Corse nous n’en sommes pas là, pour le moment nos cours d’eau ne sont à partager avec personne. Mais cela ne veut pas dire que nous pouvons dormir tranquilles en nous tournant les pouces.

Un changement de philosophie dans la gestion de l’eau et une remise en cause s’imposent, souligne Saveriu Luciani, président de l’Office Hydraulique. Il a cent fois raison, et ce n’est pas uniquement comme il l’affirme une question de stockage de l’eau, ni même une question qui ressort uniquement de la politique de l’office qu’il préside: c’est une question transversale qui touche à de nombreuses politiques qu’il convient de revoir.

  • On ne pourra pas continuer longtemps à se féliciter de la progression du nombre de touristes pendant la période estivale, et s’inquiéter en même temps de la pénurie des ressources en eau qui menace la Balagne et l’Extrême sud de la Corse ! Dans certaines îles grecques quand un touriste veut prendre une douche il doit glisser une pièce de monnaie dans un boitier pour pouvoir se doucher. Je ne suis pas sûr qu’il faille attendre trop longtemps pour expérimenter ce genre de mesures chez nous. Avec un peu de courage quand même.
  • Sans parler bien sûr de la prolifération des piscines dans les résidences secondaires, parfois au bord de la mer, qui constituent une source de gaspillage particulièrement importante. Peut-être les maires, qui  délivrent les permis de construire, seraient bien inspirés de modérer les ardeurs des intéressés avant que le problème ne devienne plus aigu.
  • On ne pourra pas continuer longtemps à faire comme si l’arrosage par aspersion ne constituait pas un problème, pas plus que de considérer que le stockage de l’eau nécessite que l’on multiplie les barrages. Il existe d’autres techniques pour stocker l’eau brute plus respectueuses de l’environnement et du gaspillage que constitue l’évaporation des vastes plans d’eau.
  • On ne pourra pas non plus esquiver en matière agricole la nécessité de s’orienter avec discernement vers des cultures moins consommatrices d’eau, et des techniques culturales plus adaptées à la raréfaction des ressources en eau. A cet égard il serait temps que la station agronomique de l’INRA de San Giuliano, orientée vers la recherche sur les agrumes, commence à impulser une autre politique de recherche théorique et expérimentale.

D’une manière plus générale, à l’occasion de ce dossier , et sans sous-estimer son importance, il est vital que nos élus laissent derrière eux les pratiques de leurs prédécesseurs, et commencent à anticiper les politiques d’un futur qui s’annonce préoccupant si on continue à faire la politique de l’autruche.