vote blanc 2Normalement le mode de scrutin qui s’impose en France depuis 1962 implique qu’au premier tour de la présidentielle on choisisse  l’offre politique la plus proche de ce que l’on souhaite pour le pays, et qu’au deuxième tour, au cas ou son candidat ne serait pas présent, on élimine celui des deux candidats restant en lice  qui parait le plus dangereux pour le pays.

Ça, c’était avant que l’extrême droite ne prenne l’importance considérable qu’elle a acquis depuis la défaire de Lionel Jospin en 2002: depuis on nous explique que le plus important est d’éviter l’élection de Marine Le Pen quelque soit le prix à payer, et qu’il est donc indispensable de voter utile. Cette année c’est le vote dès le premier tour en faveur de Emmanuel Macron qui est présenté comme le vote utile: non pas pour éviter l’élection de la candidate FN, elle ne serait éventuellement en position d’être élue qu’à l’issue du premier tour mais pour éviter un hypothétique duel entre Le Pen et Fillon, c’est à dire entre le candidat de l’extrême droite et celui de la droite extrême.

Ainsi, de fil en aiguille, c’est le vote d’évitement qui s’imposerait à chaque étape . Il est pour moi hors de question que je m’y résolve, et que les beaux esprits qui pullulent à gauche ne viennent pas me chatouiller les oreilles en essayant de me culpabiliser au cas ou ..

S’ils avaient voulu donner à la gauche une petite chance, ils auraient exigé que Melenchon et Hamon mettent leur ego dans leur poche et s’unissent derrière celui que distinguent les sondages. Mais fidèles à leur conviction profonde qu’en période de crise il vaut mieux se trouver dans l’opposition qu’aux manettes ces derniers se sont bien gardés d’aller plus loin que les habituelles gesticulations sur l’union de la gauche.

J’aurais pu, bien sûr, comme beaucoup de mes amis m’abandonner tranquillement au vote pour Emmanuel Macron. Le personnage est sympathique et souriant, et il a convenons en mené sa barque avec intelligence.

Mais très franchement , je dois au privilège de l’âge qui est le mien d’avoir expérimenté tous les présidents de la République depuis De Gaulle , et je lui trouve de singulières ressemblances avec l’un d’entre eux , tout aussi brillant et intelligent , tout aussi titré , énarque et inspecteur des finances, tout aussi séduisant et tout aussi centriste: Valéry Giscard d’Estaing.

J’en ai eu , je dois dire à ma grande surprise car il se réclame volontiers de Michel Rocard, la preuve lors de son déplacement en Corse. Giscard d’Estaing avait employé , au cours d’une de ses visites dans l’Île, une formule qui est restée dans la mémoire de ceux qui s’intéressent à la Corse: « Il n’y a pas de problème corse, il y a seulement des problèmes en Corse« .

Les propos tenus par Emmanuel Macron hier dans l’Île sont très exactement de la même veine : il y a des problèmes en Corse et de manière pragmatique il essayera de les résoudre avec les élus de la Corse. Un point c’est tout, et c’est un peu court pour moi.

Il y a pour moi une Question Corse, elle est d’essence éminemment politique et c’est sous cet angle là qu’il faut l’aborder, et je suis surpris qu’il n’en ait pas saisi l’occasion:  il aurait alors mis ses  pas dans les pas de Rocard .

Au lieu de citer  de lui cette phrase sympathique envers la Corse qu’il a effectivement aimé, j’aurais pour ma part préféré qu’il cite ce discours de Michel Rocard à l’Assemblée nationale que je n’ai pas besoin de rappeler ici car il est à jamais dans la mémoire de tous les corses .

Pour la première fois de ma vie de citoyen, je voterai donc blanc le 23 avril prochain.