democratie dictatureLa Corse est longtemps apparue à différents gouvernements de la France comme un danger pour la République . Les évènements apportent aujourd’hui la démonstration que c’est en France continentale que la République est menacée, et que les corses sont peut être en mesure  de démontrer à l’ensemble du pays qu’ils sont capables d’avancer sur nombre de sujets sur lesquels le pays est embourbé.

La France n’en a visiblement pas fini avec la crise identitaire qu’elle traverse depuis quelques années , et dont elle a  encore beaucoup de mal à débattre, empêtrée dans les polémiques que génère périodiquement la question de l’immigration. Les corses, sans prétendre à avoir complètement résolu la question identitaire, n’ont jamais rechigné à en débattre publiquement et à en poser sereinement les termes. L’élection, à deux reprises, d’une majorité nationaliste à la tête de l’assemblée de Corse en est sans doute la meilleure illustration.

La crise des gilets jaunes, si elle se manifeste en Corse comme dans l’ensemble du pays, n’a pas connu, à ce jour, les violences et les dérapages qui se produisent chaque semaine un peu partout en France continentale. Les élus corses n’ont pas attendu quant à eux  le grand débat national pour s’en saisir, même si , ne disposant pas des outils qui leur  permettraient d’y apporter des solutions, cela revient pour eux à prendre des coups à la place de l’Etat. Ils ont convoqué une grande conférence sociale à Bastia , dont  le calendrier s’ils a été arrêté  non sans quelques difficultés, promet d’aller au fond des choses.

L’Île peut elle devenir, si ses élus en décident, le territoire de la République ou la question de l’indispensable respiration qui doit permettre de revitaliser la démocratie participative peut trouver une illustration exemplaire ?

J’en suis pour ma part persuadé. Avec une population de 350 000 habitants seulement, plus politisée sans doute que la moyenne nationale, la Corse se prête particulièrement bien à l’exercice qui consiste à instiller une dose décisive de délibération populaire pour accompagner les décisions politiques entre deux échéances électorales.

D’autant que les sujets , complexes mais importants, ne manquent pas , qui se prêtent à ce que la population soit appelée à exprimer son avis pour éclairer la décision des instances élues , lorsqu’il leur apparaît qu’elles ont besoin de confirmer leur légitimité à prendre une décision difficile.

Je veux en citer ici quatre , parmi celles ou la délibération populaire peut être décisive pour débloquer une situation délicate.

  • La question du traitement des déchets , qui est dans l’impasse , et réclame sans trop tarder des décisions assez difficiles pour la majorité de l’assemblée de Corse pour qu’elle estime devoir s’assurer de l’adhésion de la population.
  • La politique des transports extérieurs , et le nouveau port de la Carbonite à Bastia dont la construction entraînerait la reconduction du modèle de transport de passagers et de marchandises actuels jusqu’à la fin du siècle.
  • La régulation des migrations touristiques et du tourisme de masse , qui commencent à affecter sérieusement nombre de politiques publiques territoriales , à commencer par la protection de l’environnement et la spéculation  foncière.
  • La politique migratoire dont il  ne faut pas attendre qu’elle produise des affrontements pour en poser les termes et y apporter des solutions durables.

Toutes ces questions, complexes, demandent une approche nouvelle pour être abordées avant que le peuple ne soit appelé à les trancher.

Je préconise pour ma part que ces consultations soient précédées par une phase d’études ou la CDC confierait à un groupe de 90 citoyens, tirés au sort, et dotés de tous les moyens indispensables, humains et financiers, pour aborder un sujet de cette importance, le soin de produire les conclusions qui seraient soumises à consultation.

Ce serait là, pour la majorité actuellement au pouvoir à l’assemblée de Corse , une occasion de démontrer que l’on peut gouverner autrement, sans avoir peur de s’appuyer en cours de mandat sur l’avis du peuple, et en élaborant les décisions en toute transparence , puisque leur préparation serait également confiée à des citoyens issus du peuple et tirés au sort.

La contrepartie, bien évidemment, s’impose:  la décision appartient à ceux que les citoyens ont désigné par leur vote. Dès lors que toutes les garanties seraient fournies au peuple pour qu’il arrête sa décision, lés élus du peuple auront à prendre toutes leurs responsabilités pour en tenir compte selon leur conception de l’intérêt général.