al-Baghdadi-Abu-Bakr-al-Baghdadi-pr3ss-tvOn devrait toujours prêter la plus grande attention aux paroles de ceux qui nous défient: c’est valable pour chacun d’entre nous comme pour les institutions auxquelles nous nous référons.

Abou Bakr al-Baghdadi, lorsqu’il a proclamé le califat du haut de la chaire de la mosquée de Mossoul et s’est proclamé calife, c’est à dire successeur de Mahomet, avait annoncé la couleur: établir la califat sur l’ensemble de la planète et soumettre les mécréants qui n’auraient d’autre choix que se soumettre ou périr.

Nous avons, en occident, une fâcheuse tendance à considéré comme déséquilibré tout homme qui proclame ce qui nous apparaît comme une énormité : comme si les codes auxquels nous nous référons étaient universels.

Lorsque au lendemain de la tuerie du Bataclan , du haut de la tribune de l’assemblée nationale Manuel Valls, alors premier ministre, avait déclaré qu’il entendait répondre à la déclaration de guerre des islamistes de Daesh,  les beaux esprits qui gouvernent Paris en croyant gouverner la France, ont trouvé qu’il exagérait et tenait un discours anxiogène.

Donc on ne parlera pas de guerre, mais de terrorisme: sans doute considère-t- on ce mot moins anxiogène ? Pour Charles Pasqua il fallait terroriser les terroristes corses, assimilés sans complexe aux tueurs sanguinaires de Daesh, pour les allemands et le régime de Laval les résistants étaient des terroristes : alors tout cela finira par passer comme toujours n’est ce pas.

La réalité est pourtant tout autre: un courant de l’islam , représenté dans le monde entier, a déclaré la guerre à tous ceux , quelle que soit leur confession, la couleur de leur peau ou leur nationalité, qui ne partagent pas sa vision rétrograde sectaire et obscurantiste de la société .

Il a été à deux doigts d’établir au Moyen Orient un Etat, et même s’il est en voie d’être défait en Irak rien ne dit qu’il ne trouvera pas à renouveler cette expérience au Sahel, en Afghanistan ou ailleurs. Ses soldats, car c’est ainsi qu’il nomme ses tueurs, n’ont d’ailleurs pas besoin d’un Etat pour se déployer et semer la mort et la destruction: ils sont présents à peu près partout dans le monde et en font la démonstration  comme ils viennent de le faire entre autres à Barcelone, Londres , Manchester et Berlin.

C’est donc une guerre, sale, sournoise et sans concession qui nous est livrée. Elle sera longue, dure et sanglante car elle nous est livrée par des gens qui aiment la mort , à nous qui aimons la vie et qu’ils haïssent pour cela.

Préparons nous donc et oublions un instant les références passées pour nous y préparer car nous devrons remettre en question nombre de nos certitudes.

Il est par exemple courant de vilipender l’Arabie Saoudite, et il y bien sûr largement de quoi s’insurger devant les tares de ce régime: mais a-t-on vraiment envie de le déstabiliser pour voir s’installer à sa place, car c’est ce qui se produira, un nouveau Daesh qui dispose des plus grandes réserves de pétrole du monde ?

A-t-on vraiment envie que le Pakistan, dont le régime est assurément à vomir, bascule entre les mains des islamo-fascistes comme les appelait Valls, alors que ce pays dispose du feu nucléaire ?

Nos démocraties vont être secouées, au cours des prochains mois et des prochaines années, par de violents séismes politiques : il va falloir à nos dirigeants beaucoup de lucidité pour ne pas jouer les Daladier et les Chamberlain , et beaucoup de ténacité à notre peuple pour ne pas se laisser aveugler par la haine pas plus que de jouer les autruches devant le danger.

Attachons donc nos ceintures et , surtout, ne baissons pas la garde et ne noue berçons pas d’illusions: nous sommes en guerre.