macron caricatureJ’ai écouté attentivement Macron ce matin, et je dois dire que non seulement je n’ai pas été convaincu par ses propos, mais j’ai été sidéré par la difficulté de cet homme à se remettre en question.

Faire semblant de considérer  que la grogne sociale est due pour l’essentiel à l’augmentation de la fiscalité sur le carburant automobile est irresponsable, et considérer qu’il suffirait de changer de méthode pour répondre à la colère qui s’exprime tout simplement surréaliste.

Mais pouvait il faire autrement ? Je ne le pense pas pour deux raisons essentielles:

  • la première est que la croissance sur laquelle il comptait n’est pas au rendez vous et que le chômage reste très élevé
  • la deuxième est que dès le début de son mandat il s’est privé des leviers financiers qui auraient pu  lui permettre de répondre à la détresse sociale sans compromettre l’indispensable nécessité d’en finir avec la dépendance au pétrole:
    1. la suppression de la taxe d’habitation  qui ampute de 26 milliards d’Euros le budget de l’Etat
    2. la suppression de l’ISF bénéficiant aux détendeurs d’obligations  , mirifique cadeau aux plus riches, sans aucune contrepartie, qui coûtera 4,5 milliards d’Euros à l’Etat.

En outre, malgré les démentis du gouvernement , on ne voit pas très bien comment l’Etat pourra indemniser durablement les communes, privées d’une importante ressource, sans augmenter les impôts.

Comme le déclarait sévèrement Jean Peyrelevade, ancien PDG du Crédit Lyonnais dans un entretien au magazine L’Obs : le chef de l’Etat n’a plus de marge de manœuvre. « Le quinquennat est joué », estime  même l’ancien directeur de cabinet et et conseiller économique de Pierre Mauroy.

Dans son blog, Thomas Piketty ne dit pas autre chose, qualifiant quant à lui de faute historique la suppression de l’ISF. Supprimer l’ISF en France aujourd’hui, dit il, près de 40 ans après l’arrivée au pouvoir de Reagan et Thatcher, est totalement à côté de la plaque. Cela n’a aucun sens de faire des cadeaux fiscaux aux groupes âgés et fortunés qui ont déjà beaucoup prospéré ces dernières décennies. Si l’on ajoute les cadeaux accordés aux dividendes et intérêts (qui seront désormais taxés à un taux maximum de 30%, contre 55% pour les salaires et revenus d’activité non-salarié), on aboutit à un coût total dépassant les 5 milliards d’euros. Soit l’équivalent de 40% du budget total accordé aux universités et à l’enseignement supérieur, qui stagnera à 13,4 milliards en 2018, alors que les effectifs ne cessent d’augmenter

Pas une fois Macron n’a fait allusion à l’insigne injustice de la fiscalité qu’il a mise en oeuvre, ce qui en dit long sur l’incapacité du personnage à imaginer qu’il pourrait avoir eu tort. Pas une fois il n’a laissé apparaître que l’inclination de sa majorité et de son gouvernement pour les idées néolibérales puisse être nuisible à l’intérêt bien compris de la population de notre pays.

T.I.N.A selon la formule de Margareth Thatcher est son mantra: There Is No Alternative , il n’y a d’autres solutions que celles que je propose… Une soumission sans aucune nuance à la doxa libérale qui risque de plonger notre pays dans une situation dont il ne sortira pas indemne.