justiceLe quotidien Corse Matin reproduit dans sa dernière édition les déclarations du procureur de la République concernant les derniers développements des affaires de détournement de fonds publics au conseil général de haute Corse et à la CTC consécutives aux emplois fictifs et aux dérives des proches du président Paul Giacobbi.

Naturellement seul le tribunal correctionnel est compétent pour décider si les 10 personnes mises en examen dans ce dossier par le juge d’instruction sont coupables: elles bénéficient en attendant de la présomption d’innocence.

On n’en est pas moins confondu par les révélations du procureur sur l’ampleur des détournements, qui avoisineraient 400 000 € , et la nature des dérapages qui montrent à quel point un certain nombre de personnes auraient sans aucune retenue et pendant des années festoyé et  mené une vie princière aux frais des contribuables corses.

Le procureur a tenu à préciser que le président , s’il a couvert les agissements de son entourage, n’en a pas tiré de profit financier : on n’en reste pas moins sidéré par l’aveuglement qu’il a manifesté pendant des années sur les dérives et les dérapages scandaleux de son entourage.

Reste qu’il n’a pas été le seul.

Comment imaginer que dans la micro-société bruissant de rumeurs que constitue une collectivité locale, ces agissements aient pu être ignorés pendant tout ce temps ?

Comment expliquer, par conséquent, que personne parmi ceux qui auraient du s’en préoccuper ne se soit jamais manifesté pour y mettre fin ?

Comment comprendre que les organisations syndicales n’aient pas dénoncé ces comportements totalement inadmissibles ?

Comment accepter que parmi les élus de la CTC et du conseil général , il ne se soit trouvé personne pour lever  la main pendant une séance publique pour interpeller le président de ces institutions , et lui demander d’user de son autorité pour mettre fin aux dérapages ?

Le rôle des élus d’une collectivité est certes d’examiner et de voter les projets qui leurs sont soumis par l’exécutif,  mais il consiste également à contrôler le fonctionnement de l’administration et demander des comptes à l’exécutif.

L’actualité nationale montre à quel point la population commence à se préoccuper de la manière dont ses élus utilisent l’argent public, et depuis les elections territoriales de 2015 force est de constater que des efforts ont été faits par la nouvelle majorité territoriale.

Beaucoup reste cependant à faire sur ce point pour faire vraiment de la future collectivité une maison de verre selon l’expression des dirigeants de la CTC: cela passe par la mise en oeuvre de l’open data qui permettrait à tout citoyen de tout connaitre sur l’usage qui est fait de ses impôts, mais aussi sur une plus grande implication des élus dans le contrôle de l’exécutif.