chien et loup« Entre Chien et loup » le moment de la journée où il fait trop sombre pour pouvoir différencier un chien d’un loup. Le chien symbolisant le jour puisque tout comme lui, il peut nous guider , le loup symbolisant  la nuit, la menace, le cauchemar et la peur.

C’est ainsi, en ce début d’année, que l’on peut imaginer  la Corse aujourd’hui, perdue dans les Limbes, cet état situé aux marges de l’enfer des catholiques , auquel elle est ainsi promise à moins  d’une improbable redemption.

C’est un constat que l’on peut bien sûr discuter, apprécier ou rejeter, mais qui doit selon moi interroger chaque corse , et surtout ceux qui se définissent comme nationalistes ou autonomistes, et ils sont assez nombreux pour avoir, à trois reprises, porté cette famille politique au pouvoir dans notre Île.

Pendant plus de 40 ans, souvent dans le fracas des bombes, parfois dans le sang, mais aussi dans de grandes manifestations de ferveur populaire, avec la figure de proue d’Edmond Siméoni, se sont peu à peu  imposées , volens nollens, les idées iconoclates que portait cette famille: reconnaissance par la France du peuple Corse en danger de mort, défense de la langue et de la culture corse, lutte contre le tout tourisme la baléarisation de l’Île et la spéculation immobilière , dénonciation d’une certaine colonialisation de peuplement.

Force est de constater aujourd’hui que, à l’exception notable de l’écoute du pouvoir lorsqu’il était d’inspiration socialiste, le mépris le plus total est opposé à la reconnaissance du peuple Corse, que la langue corse continue de dépérir, et que la culture corse loin du Riacquistu triomphant, est en voie de folklorisation.

Par ailleurs, de toutes les régions métropolitaines c’est la Corse qui a enregistré l’augmentation la plus conséquente de sa population, essentiellement constituée d’apports extérieurs à l’Île, pendant que l’industrie touristique , malgré la crise sanitaire, ne s’est jamais aussi bien portée, et que flambe la spéculation immobilère sous fond d’affairisme et de dérive mafieuse.

Comment a-t-on pu en arriver là , à quoi ont servi ces quarante années de destructions, du point de vue des  uns, d’esperance du point de vue de beaucoup d’autres ? J’avoue que c’est pour moi un mystère dont j’ai du mal à cerner les raisons.

Reste qu’il n’est pas possible d’en rester là, même si rien  n’indique  clairement , dans un paysage brouillé par la crise sanitaire et la crise politique dans laquelle s’enfonce le pays aujourd’hui, quel pourrait  être le chemin à suivre pour tenter de redresser une  situation dont tout donne à penser qu’elle conduit le peuple corse à la nécrose progressive.

Il ne faudrait pas voir dans mes propos une quelconque mise en cause des élus qui détiennent aujourd’hui le pouvoir dans notre Île. Ce serait une grave illusion de penser que la crise que je pointe peut être résolue dans le seul cadre des institutions.

Pour établir un parallèlle avec ce qui se passe dans l’ensemble du pays aujourd’hui, je dis souvent que le sujet ce n’est pas la gauche, ce n’est pas la droite, pas plus que ce n’est Macron et ses petits marquis, le sujet c’est la France.

De la même façon , en Corse le sujet ce n’est pas tel ou tel dirigeant nationaliste , pas plus que la faiblesse d’une institution qui n’a pas été au bout de la logique qui a inspiré les différents statuts de l’Île: le sujet c’est la Corse et son peuple, et il n’est pas possible d’imaginer que la Corse puisse surnager si celui ci  a décidé de se laisser couler dans l’illusion que procure une civilisation qui nous vient d’outre atlantique et qui est entrain d’entrainer le pays dans l’abîme.