embarquement 2Gilles Siméoni a proposé  de conditionner l’admission des touristes en Corse, à partir de juillet prochain, et tant que l’on n’aura pas la certitude que l’épidémie est derrière nous, à la production de l’un des tests médicaux auxquels sont soumis celles et ceux d’entre nous qui veulent vérifier si ils ont été à un moment donné contaminés par le coronavirus.

Au moment ou j’écris ces lignes le gouvernement n’a toujours pas fait connaitre sa réponse  à cette recommandation, mais cela ne sautait attendre plus longtemps car la saison touristique est à présent engagée un peu partout en France.

La faiblesse du système hospitalier insulaire , soumis à rude épreuve lors du dernier épisode épidémique dans la région d’Ajaccio, incite en effet à la prudence dès que l’on envisage de multiplier au moins par deux ou plus , sur une période  de deux à trois mois, la population de l’Île.

Il est clair qu’une reprise de l’épidémie, à partir de foyers d’infection comme celui qu’a connu Ajaccio il y a quelques semaines, toujours possible tant que le virus continue à circuler, mettrait à genoux le système hospitalier et risquerait de devenir rapidement incontrôlable.

On peut voir dans cette proposition , comme l’a fait avec l’arrogance du parvenu monsieur Marcellesi , propriétaire entre autres d’un hôtel de luxe à Porti Vecchiu, la volonté de « tuer le tourisme », selon les termes qu’il a employé. Je ne m’attardera pas sur cette assertion dont l’absurdité le dispute à la médiocrité, chacun sait que ce qui et excessif est insignifiant.

Je comprends bien entendu qu’elle ait du mal à passer auprès de ceux qui ont à souffrir de la situation que leur impose l’épidémie et l’ensemble des institutions partie prenante à cette industrie doivent déployer tous les moyens à leur disposition pour en atténuer l’impact, qui sera de toute façon considérable, quelle que soit l’ampleur des dispositifs arrêtés par les uns et les autres.

Mais cela ne doit pas nous dispenser de réfléchir à la sidérante dépendance qui est la notre vis à vis de ce qui est devenue une mono-industrie dangereuse, qui nous trouve désarmés devant les catastrophes qui, malheureusement risquent de se multiplier avec le changement climatique.

On s’est beaucoup ému, à juste titre de la dépendance catastrophique de notre pays à la production en Chine de médicaments et de masques à laquelle nous avons été soumis, et cela doit nous inciter à nous pencher sur les solutions qui s’offriraient à nous pour réduire l’une et l’autre.

Cela implique , pour moi, que nous nous engagions, progressivement mais résolument, dans des politiques visant à l’excellence, au lieu de nous abandonner, comme nous l’avons fait trop longtemps  à la facilité de l’économie de la paillote et de l’économie résidentielle.

De ce point de vue, on peut considérer que la proposition de Gilles Siméoni est un premier pas dans cette direction. Même si elle est, et c’est normal, mal comprise aujourd’hui, elle constitue à terme un premier signe de ce que la Corse pourrait offrir à ses ressortissants comme à ses visiteurs: l’excellence dans la protection de leur santé.

Mais c’est en visant aussi  l’excellence dans le domaine de la protection de l’environnement, dans la politique de l’accueil, dans la politique des transports collectifs , la politique sociale, les politiques agricoles et agro-alimentaires , les politiques de l’urbanisme , que la Corse peut devenir à terme , pour ses ressortissants d’abord et ses visiteurs ensuite une Île ou il  fait bon vivre et qu’on aspire à visiter en payant le prix de l’excellence, car elle doit avoir un prix.

C’est cette ambition que nous devons avoir pour nos enfants. Si nous n’en sommes pas capables notre Île sera condamnée pour longtemps à la médiocrité , sa personnalité effacée, son peuple définitivement dissous dans l’anonymat que nous destine lle monde consumériste dans lequel nous baignons.