devise de la France petainiste de Vichy : "travail, famille, Patrie, entourant une francisque tricolore. Dos de couverture du livre du Marechal Philippe Petain "La France nouvelle - principes de la communaute - appels et messages - 17 juin 1940 / 17 juin 1941", edition Fasquelle, decembre 1941. ©Gusman/Leemage

En partant le 8 décembre 2015 pour le Brésil , puis en séjournant jusqu’à aujourd’hui en Isère à mon retour d’Amérique du Sud , je n’imaginais pas que, rentrant en Corse,  je me retrouverais en terre lepeniste.

La Corse a été , parmi les 13 régions françaises celle ou le score de Marine Le Pen a été le plus élevé, plus élevé encore que dans les Hauts de France, ou en Provence Cote d’Azur terres lepenistes s’il en est . Il suffit pour s’en rendre compte de promener le curseur de la souris de l’ordinateur sur la carte de France.

Dans la commune ou je suis né , dont j’ai été le maire pendant 9 ans, dont mon grand père a été le premier maire élu à la libération de la Corse pétainiste, c’est à 60% que se situe le score de la candidate d’extrême droite, ce qui la classe dans les 10 communes corses les plus lepenistes.

Aujourd’hui ce n’est pas la tristesse qui m’envahit, pas plus que la consternation , c’est une colère froide.

Il n’y a pas dans notre Île près de 50% de nos compatriotes qui seraient relégués dans une misère noire et abandonnés par la République. Par contre il y a effectivement une quasi majorité d’entre eux qui ont, sciemment, volontairement et sans aucune hésitation voté pour un parti fascisant dont les racines plongent dans la tradition anti-républicaine de l’extrême droite française, et pour une femme dont chacun a pu mesurer jeudi dernier à quel point elle est indigne des hautes fonctions auxquelles elle aspirait.

Il y a eu une quasi majorité de corses pour souhaiter sortir de l’Union Européenne, pour livrer leur pays à la spéculation des marchés financiers en quittant l’Euro, pour supprimer l’échelon régional et revenir sur 60 ans de décentralisation et pour lancer leur pays dans une aventure qui l’aurait placé au ban des nations démocratiques.

Pardonnez leur mon père, aurait dit Jésus sur la croix en pensant à ceux qui le torturaient, ils ne savent pas ce qu’ils font : Ce n’est pas ainsi que je vois les choses, je ne leur trouve aucune excuse car , justement, ils savaient ce qu’ils faisaient.

On va bien sûr m’objecter que ce n’est pas bien du tout de désigner ainsi la Corse et les corses du doigt, que ce serait de la discrimination. J’accepte ce procès en sorcellerie. On me l’a déjà fait lorsque je dénonçais la dérive mafieuse de notre société : on connait hélas la suite.

Aujourd’hui il faut que chacun se ressaisisse, que chacun fasse son examen de conscience, avant que l’irréparable ne se produire. Cela commence par le choix des mots par ceux dont la parole porte: la xénophobie n’a pas de frontières et les mots pour désigner l’autre , lorsqu’ils se ressemblent, sont comme un boomerang : ils reviennent brutalement à la figure de ceux qui en abusent.